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16 Jun

journal d'un déconfiné 11

Publié par Philippe BERTRAND

Chronique de Mister Phil Good. 11

 Le 7 juin, fête des maires 

 

Non, ce n’est pas une faute d’impression. Il s’agit bien des maires et non de nos chères mamans. D’ailleurs je vous pose la question : Est-ce que nos mères ont  besoin que nous les honorions qu’une seule journée dans l’année ? Il en va de même pour d’autres dates assénées à coups de publicités comme la Saint-Valentin. Le calendrier des fêtes et les journées spéciales s’apparentent le plus souvent à un dépliant commercial. Pour avoir habité pendant quelques années face à un fleuriste, je me souviens de cette fête des amoureux qui se traduisait par une file ininterrompue d’hommes en attente d’un bouquet de fleurs à rapporter à la maison. Le bouquet de l’année ! Chacun repartait avec ses fleurs, fier du devoir accompli. C’est bien là où la tradition trahit les intentions d’origine, car le plaisir se mue en devoir.

On m’a longtemps dit que la fête des mères était une création de Pétain durant l’occupation. En réalité cette fête est vieille comme le monde ou presque, puisqu’on en trouve des traces dans la Grèce antique. C’est surtout à la fin du 19ème  siècle qu’elle s’impose en force dans un monde entier frappé par une baisse de la natalité. Pour enrayer celle-ci, une énorme propagande se met en marche pour vanter les mérites de la femme et honorer les familles nombreuses. Les mouvements politiques conservateurs vont s’emparer de cette cause dont la fête des mères est un simple prétexte. L’idéologie vichyste fera dire au vieux Maréchal en 1942 que les femmes « sont les inspiratrices de notre civilisation chrétienne ». Rien que ça. Il aurait pu ajouter blanche et aryenne. La récupération de Jeanne-d’Arc qui s’en suivra jusqu’au Rassemblement National fait tâche. Jeanne est pucelle, on le sait bien. Comment brandir  l’image de la mère en étendard national, alors que la bergère de Domrémy n’a connu que ses moutons  comme  compagnons?

La mère est la femme génitrice et grâce à cette fête, elle devient aussi un bon coup de commerce. Vous comprenez maintenant pourquoi, certains rétrogrades s’insurgent encore contre l’avortement.  Nous sommes loin de l’image de maman et de ses bonnes confitures. La fête des mères me laisse les souvenirs d’un enfant en panne d’imagination pour trouver le fameux cadeau. Je pense avoir commis le pire à l’école : j’avais peint en noir une assiette sur laquelle j’avais minutieusement appliqué au centre une décalcomanie de chien berger allemand. C’est là où nos mères ont du génie à feindre de s’extasier devant ce présent de mauvais goût. L’assiette est restée quelques temps au-dessus du buffet de la cuisine avant de disparaître à tout jamais. C’est encore le talent des mères de balancer l’inutile sans que vous ne vous en rendiez compte.

Alors, tout compte fait, sachant que des maires viennent d’être désignés et que les autres seront connus après le second tour enfin arrêté à la date du 28 juin, pourquoi ne pas créer une fête des maires ? Le maire (ou la maire) est la figure politique la plus respectée des français. C’est le premier échelon qui compte et le premier magistrat est le pilier de la démocratie de proximité. Sans lui tout l’édifice s’écroule. Fêter les maires serait une manière de les encourager face aux défis à relever. Le premier défi étant de savoir comment nous allons nous sortir de ce merdier. Fêter les maires, c’est aussi leur attribuer notre confiance en échange de notre participation à l’amélioration de la vie communale. Tenez un exemple frappant dans nos villes et villages : les maisons abandonnées ou délaissées par leur propriétaires. Les recenser serait pour nous un premier exercice. Elles sont aussi nombreuses que les personnes susceptibles de rechercher un havre de paix du côté de chez nous. Le second exercice est plus délicat, car il nécessite des démarches fastidieuses de la part de la commune. Il s’agit en effet de mettre en demeure les propriétaires malveillants lorsqu’ils sont connus, à intervenir dans un délai de trois mois. Sans réponse, le bien peut être incorporé au patrimoine de la commune ou de la communauté de communes selon le code général des collectivités territoriales. Personnellement je suis choqué par ces maisons qui tombent en ruine et pire par celles dont les acquéreurs sont absents en permanence. Etre propriétaire d’un bien immobilier pour que personne d’autre n’en fasse l’acquisition est d’une stupidité sans fond. Donc le 7 juin 2020 sera la première phase de la fête des maires, ça nous laisse peu de temps pour imaginer un cadeau. J’en ai fait symboliquement un à mon maire, mais ce n’était pas une assiette peinte avec l’image du berger allemand.

Chronique publiée dans l'hebdomadaire Le Châtillonnais et l'Auxois:  https://www.lechatillonnaisetlauxois.fr/

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Le complément de l'émission des Carnets de Campagne de France Inter avec son journal régulier des solutions.