La grotesque bataille pour le coworking lucratif
On ne parle plus de mode, mais d’engouement sans fin pour les espaces communs, les espaces de travail partagé ou coworking. Récemment les journaux de France Inter annonçaient l’installation du géant américain du coworking, Wework à Paris pour ouvrir un espace tout aussi géant de bureaux, rue Lafayette. La revue Challenges titrait : « Wework, un géant américain pour secouer le coworking français ». Question : en quoi ce principe de partage et de coopération ou de collaboration aurait-il besoin d’être secoué ? Plusieurs milliers de mètres carrés loués près de la gare Saint-Lazare serait le summum du savoir-faire. C’est d’abord un gros marché remporté sur celui de l’immobilier. Le néologisme en vigueur, qui est aussi un américanisme, est de dire que ce mastodonte valorisé à 16 milliards de dollars vient « disrupter » le marché immobilier, autrement dit, il bouleverse le dit marché. Le coworking destiné à offrir des services au public et à ses adhérents est dépassé par l’option purement lucrative de cette opération au cœur de la capitale. Pour parler d’un vrai coworking, il suffit de compter les aménagements d’espaces là où les services manquaient. A Méré, dans les Yvelines, s’est ouvert en 2015 le 50 Coworking et le discours n’a rien à voir avec la disruption : Dans cette région de Montfort l’Amaury, cet espace est destiné « à créer un tissu collaboratif dans le territoire yvelinois ». Les responsables des lieux se proposent même des formations et des prestations de conseil à la création d’espaces de coworking. Dans cet esprit, une bonne idée se partage et une bonne pratique évite une annexion par un monopole de l’économie numérique dévoyée. Le nom de 50 coworking est l’illustration de cette éthique du partage : un esprit gagnant-gagnant, 50/50.