La lame de fond de créations de microfermes
Une proposition de lecture aujourd’hui : le groupe coopératif d’éditions « Terre vivante » publie un bimestriel qui se dit 100% bio et 100% pratique : 4 saisons du jardin bio. A le lire, le slogan du 100% est atteint. Les conseils sont effectivement très pratiques et sont expérimentés dans les jardins de la coopérative. Je vous conseille le dernier hors-série qui sort actuellement sous le titre du retour à la terre. Les exemples de création de micro-fermes et de productions en permaculture ne manquent pas. Ce hors-série donne à lire l’entretien réalisé avec un jeune ingénieur agronome auteur d’une thèse sur la viabilité de ces micro-fermes principalement maraichères et bio, Kevin Morel. On découvre que les enseignants et conseillers agricoles « sont débordés par la demande ». Il est question d’une lame de fond d’installation de néo-paysans. Un tiers des installés est extérieur au milieu concerné. Ceux-ci sont davantage des néo-ruraux portés par un appel de la terre ou un retour à la terre, même si des ruraux ainsi que quelques fils de paysans suivent la même trajectoire. Les reprises de terres de culture se justifient par les difficultés des agriculteurs à trouver des successeurs au moment de leur retraite. La principale activité choisie est le maraichage. Les surfaces sont volontairement limitées et les charges de travail calculées en fonction des techniques utilisées, souvent les plus simples et les moins mécanisées, ce qui permet de lancer sa production avec un minimum d’investissement. Les revenus sont aussi limités et l’objectif le plus souvent partagé par ces nouveaux paysans est d’atteindre raisonnablement l’équivalent d’un SMIC. La viabilité de ces micro-fermes dépendra de plusieurs facteurs comme le lien social, la qualité de vie et surtout l’élaboration d’une stratégie de commercialisation qui fait parfois défaut. Les candidats sont jeunes la plupart du temps, mais on trouve aussi des personnes de 40 ou 50 ans qui envisagent une reconversion professionnelle. Néanmoins il existe des pionniers comme Jocelyne et Pierre qui cultivent depuis 1979 leurs légumes sur 1,2 hectares de terrain au pied du Vercors et élèvent dans le reste du domaine plusieurs centaines de poules pondeuses. Ils parviennent à toucher chacun un smic pour un chiffre d’affaires annuel de 60 000 euros. A l’inverse Olivier installé depuis 2011 au sud de Nantes loue 5000 m2 de terres à des paysans retraités. La moitié de la surface est sous serres pour assurer la culture de 400 variétés de légumes dont 150 de tomates. Parti d’un investissement de 10 000 euros, olivier a dégagé un chiffre d’affaires en 2016 de 102 000 euros qui lui permet un salaire mensuel de 1500 euros. Le hors-série conclut par un petit carnet d’adresses utiles : terre de liens, les Safer, l’Adear ou les Civam. www.terrevivante.org