Un témoignage de l'élevage industriel à scandale et une bonne solution en échange
La lettre émouvante que j’ai sous les yeux est celle d’un auditeur du Calvados prisonnier de l’agriculture productiviste. Je conserve l’anonymat de son auteur, car l’essence de son courrier remet en cause la promotion de l’élevage industriel pour lequel il travaille. Disons qu’il s’agit d’un groupe avicole important : « je vis avec des gens qui souffrent, pas les commerciaux comme moi qui ont de belles voitures, des frais de restaurant et des invitations aux salons agricoles». Notre correspondant vit très mal son expérience professionnelle qui consiste à rattraper les agriculteurs qui cherchent à sortir du circuit de la grande production. Il se dit chasseurs de proie... et vend des projets à plus d’un million d’euros pour élever des poules au plein air en version industrielle. Le plein air, c’est l’Eldorado du moment, écrit-il, sauf que le matériel vient d’Italie et est posé par des ouvriers bulgares ou polonais payés à un tarif bien inférieur au Smic. Il est écoeuré. Ses clients dirigent des élevages de 200 000 poules ou plus. L’un d’entre eux possède même un élevage de 380 000 poules en cages avec, pour piloter l’atelier, seulement deux personnes. Les interventions d’hygiène et de vaccination sont quant à elles très ponctuelles et très courtes. Du déjà vu, hélas. Sa lettre fait suite à une visite chez un éleveur de Mayenne qui a reculé, dit-il, devant le projet de travailler pour le groupe avicole. Ce producteur a pris une option que nous connaissons bien, qui s’appelle notre basse-cour. Christine et Pascale sont éleveurs de volailles à Castillon, à la ferme du Val fleuri et leur seule volonté a toujours été de donner le plus d’espace et le meilleur environnement à leurs animaux destinés à un circuit court de vente. Limitant le nombre des volailles, le couple a fait ressortir un schéma de travail qu’il fait partager en réseau franchisé sous le nom de notre Basse-cour. Depuis le passage du couple dans les carnets, les petits éleveurs se sont multipliés sur la base d’un moindre investissement et grâce à la solidarité du réseau : http://www.notrebassecour.com
Notre correspondant dépité, et je le suis pour lui, conclue son courrier en écrivant « si on fait le ratio emploi et revenu, ces petits élevages que mes collègues appellent la « bouine », sont au moins 60 fois plus efficaces que nos usines à gaz ».