Journal d'un confiné. 2
Mieux vaut être confiné ici ensemble plutôt qu'ailleurs...
L’affirmation tient à une comparaison d’expérience personnelle entre la vie citadine et la vie rurale. Certes, dans un immeuble, vous avez plus de chance de croiser un voisin et d’échanger des amabilités qu’au bout d’un champ de nos plaines. Sur le même palier, les relations de voisinage se tissent naturellement. D’un étage à l’autre, ce n’est pas toujours le cas. Le ton peut monter très vite, je vous l’assure pour en avoir fait les frais avec le voisin du dessous. J’en suis venu à constater que le lien social est bien plus fragile dans un immeuble que dans une commune du côté de chez nous. D’abord, on ne déménage pas tous les quatre matins et puis si votre famille est installée de longue date à la campagne, vous pouvez exploser le compteur des connaissances. De l’autre côté du « périph » comme on dit à Paris, la chose est très rare. Certains se satisfont de l’anonymat des grandes villes. Ni vu, ni connu, ni dérangé. D’autres s’en plaignent au point qu’une fête des voisins est née il y a quelques années au sein des grandes villes. Parfois, je me dis que l’on a des choses à apprendre des villes comme cette fête annuelle du voisinage où une table est dressée dans la cour d’immeuble afin de partager une assiette et de trinquer avec des personnes que vous ne rencontrez le restant de l’année qu’au hasard d’une descente de poubelle dans la cour. D’ailleurs dans les villes, les immeubles ont des cages d’escalier. Ça veut bien dire ce que cela veut dire. Ajoutez-y des barreaux et la sécurité des fauves urbains est assurée. Je plaisante. Quoique.
Chez nous, la grande différence, est que le vivre ensemble est logiquement plus évident, même si l’avènement de l’internet après celui de la télé dans les années 60 a provoqué beaucoup de replis sur soi. Nous, ici, nous avons le privilège de connaître nos élus et même de les tutoyer. Cela s’appelle de la proximité. Dans cette période de confinement, ils sont indispensables. Non, pas la peine de chercher un défaut pour en tirer la conclusion qu’ils sont comme les autres, à savoir « tous pourris », ce sont les élus de la proximité. De toute façon, nul n’est parfait. Commune ou communauté de communes, même combat. En ce moment, je ne voudrais pas être à leur place encore moins, évidemment, à place d’un élu d’État. Tous pourris. Non, on retire « tous » et on a relativisé « le pourri ». Allez, je vous l’accorde, ils sont de temps en temps un peu dépassés. Plus souvent, ils sont distants de la chose « Province » par méconnaissance de la France profonde comme l’aurait dit Jean-Pierre Raffarin. Je me suis vengé un jour de la citation en répliquant que si la France rurale était profonde, là-haut, dans les ministères, on était superficiel. Et toc !
Dans la Nièvre, le jeune maire de Lormes, 1500 habitants, Fabien Bazin se bat pour que la campagne ne soit plus mise à distance des services publics, des hôpitaux ou des maternités, des écoles ou des maisons de retraite. Il a mis également en place un site internet d’échanges de services entre voisins, site qui prend encore plus de sens actuellement. Cela s’appelle « faire compagnie » (https://www.fairecompagnie.fr/). Faire compagnie signifie être solidaire. Mais ce n’est pas la peine d’aller chercher aussi loin pour trouver des élans de solidarité chez nos élus locaux. Peu importe l’étiquette, d’ailleurs elle ne vaut pas grand-chose dans les campagnes.
Dans la communauté de communes des Terres d’Auxois, on s’active pour ne laisser personne en plan. Sa première vice-présidente et maire de Semur-en-Auxois, Catherine Sadon, témoigne pour le centre social de sa ville qui va faire les courses, chercher les médicaments ou transporter les personnes isolées ou dépendantes dès que cela est nécessaire. Dans la Communauté de Communes du Pays Châtillonnais, la plus grande de France comme vous le savez et donc la plus difficile à desservir, le Centre SocioCulturel et de Loisirs, en lien avec les services sociaux, avec Jérémie Brigand, n’ont de cesse de conserver un lien avec les aînés et les plus vulnérables. Dans le Montbardois, les permanences téléphoniques sont sur le front en permanence. Patrick Molinoz à Venarey-les-Laumes facilite la mise en place de ventes directes de biens de consommation par les producteurs eux-mêmes. Laurent Schembri et les élus recéens organisent, avec des volontaires et les commerçants, la livraison de produits du quotidien pour les personnes les plus fragiles. Or c’est justement du côté du créateur de la fête des voisins et de l’association « voisins solidaires », que l’on peut aller chercher un « kit » gratuit Coronavirus. Soutenue par le Ministère de la cohésion des territoires, cette mobilisation générale offre aux associations et aux élus des communes un ensemble d’outils pour aider les habitants à organiser l’entraide. Le kit comprend des affiches, des tracts, des annuaires de voisins et des panneaux d’affichage des services. Servez-vous sur https://voisinssolidaires.fr/
Allez, soyons solidaires et prenons soin de nous et des autres.
Chronique publiée dans l'hebdomadaire le Châtillonnais et l'Auxois: https://www.lechatillonnaisetlauxois.fr/