Journal d'un confiné 4
La chronique de Mister Phil Good. 4
L’électrochoc du Covid 19
J’ai hésité à appeler cette chronique « Pas Sibeth ». C’est vrai que ce n’était pas si bête, mais le titre pouvait être un peu méchant. Parole de Phil Good, il n’y aura jamais de méchanceté ici, tout juste un peu d’ironie. En plus, la cible était facile, car Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement, est régulièrement convoquée par les médias pour corriger les déclarations des élus, quand il ne s’agit pas des siennes. Ainsi, une députée de la majorité aurait déclaré que les français n’étaient pas obligés de porter de masque, afin de leur donner la bonne habitude de se laver les mains. Une semaine plus tard, une nouvelle déclaration laissait sous-entendre que nous devrions tous porter des masques pendant et après le confinement. Que s’est-il passé entre ces deux informations contradictoires ? La réponse est simple : l’acheminement par millions de masques en France. L’histoire des masques restera sans aucun doute dans les annales après que des Etats ont négocié sur le tarmac des aéroports, entre autres chinois, des colis de masques qui étaient destinés à d’autres. Les Etats-Unis auraient ainsi marchandé des colis commandés par le gouvernement français en les payant cash trois plus cher. On croit rêver. Pas avec Donald Trump. On peut également s’étonner que nous n’ayons pas pu anticiper une crise sanitaire de cette envergure et davantage encore en voyant de braves personnes coudre avec les moyens du bord des blouses pour nos soignants. Ici et là, des élans citoyens pallient le manque de matériel de protection en prenant en charge des collectes, des ateliers de confection et des réseaux de distribution vers les hôpitaux, les maisons de santé et les EHPAD de notre pays. Mais en rester là équivaut à se tirer une balle dans le pied en sachant que ça fait mal. Je préfère voir le meilleur dans la situation actuelle et les signes d’espoir sont assez nombreux. Par exemple, on apprend que le grand fournisseur d’énergie qu’est le groupe Engie (Engie a encore un quart de ses parts détenus par l’Etat) allait fournir gratuitement en électricité les foyers modestes durant deux mois. Les géants des places boursières font maintenant du social. La nouvelle en vaut le détour et personne ne se plaindra de ce beau geste. Est-ce le début de ce que l’on pourrait appeler l’électrochoc provoqué par les bouleversements dus au virus ? A défaut d’être catégorique, on peut y voir tout de même un signe. Le second exemple nous touche de près puisqu’il est co-signé par notre députée, Yolaine de Courson. Avec 59 autres parlementaires, notre élue vient de créer une plateforme de propositions de rénovation sociale et économique : le jour d’après. Plus qu’un enième grand débat, cette plateforme co-signée par des élus LREM mais aussi des élus du centre et de gauche, jette un pavé dans la mare du conformisme étatique et économique. 2000 propositions sont déjà enregistrées sur cette plateforme qui attend encore des contributions de toute personne intéressée jusqu’au 4 mai. Ne me demandez pas si ces contributions vont aller directement à la corbeille, car je n’en sais fichtre rien. Tout ce que je peux vous dire, c’est que si ce débat ouvert arrive au cerveau supérieur de l’Etat, on peut prévoir des secousses. Le jour d’après s’appuie sur une première condition et pas des moindres. Si en sortie de crise, on laisse comme solution aux particuliers et aux entreprises, de combler leur manque à gagner en allant chercher de l’aide auprès des banques, la partie sera perdue. Pire la peine sera double : on aura perdu avec la suspension des activités et du travail et on aura perdu en s’endettant à nouveau. Or cette proposition qui transformerait totalement la mauvaise habitude de nous appauvrir en enrichissant les banques est que la BCE, la banque centrale européenne, devrait financer des projets d’intérêt public sans générer de dette supplémentaire. Cela veut dire que la banque centrale, au lieu d’acheter des actifs sur les marchés financiers, c’est-à-dire d’investir pour gagner davantage d’argent, devrait accorder des fonds dont les gouvernements auraient en charge la répartition vers des projets citoyens. Cinq domaines sont retenus 1) le financement de la lutte contre le coronavirus. 2) payer les mesures contre le changement climatique 3) fournir un revenu de base à tous le habitants de la zone euro 4) faciliter le remboursement de la dette des Etats 5) Financer les services publics. Seul gros problème : le traité de Lisbonne, qui n’a pas laissé de très bons souvenirs, oblige les Etats à emprunter auprès des banques commerciales. Les établissements de crédit public comme la Poste échappent à cette réglementation, ce qui permettrait à un gouvernement de choisir un établissement pour recueillir les fonds de la BCE.
Je résume : une banque centrale ne peut pas prêter à un gouvernement sauf si celui-ci désigne le bon intermédiaire. Autre leçon, le revenu universel reviendrait au goût des jours. https://lejourdapres.parlement-ouvert.fr/. Il faut savoir que nos voisins espagnols se penchent en ce moment sur ce principe de revenu universel permanent pour faire face à la crise. Alors, elle n’est pas belle la vie ? Et n’oubliez pas de prendre soin de vous.
Chronique parue dans l'hebdomadaire du Châtillonnais et l'Auxois: https://www.lechatillonnaisetlauxois.fr/