journal d'un déconfiné 8
Chronique de Mister Phil Good. 8
Du bleu dans les yeux…
J’avais envie de partager avec vous une parenthèse au milieu des semaines insensées que nous venons de vivre, une parenthèse pas vraiment enchantée, mais au regard des tristes nouvelles, celle-ci nous a presque amusé : le football. Je ne sais pas si nos enfants conserveront un souvenir de cette épopée des championnats professionnels qui ont fait l’objet de tous les pronostics possibles : reprise des compétitions, gel du classement, saison blanche, matchs qualificatifs. Parmi les acteurs de ce petit théâtre du football hexagonal, certains ténors (parfois, on dit grandes gueules) à l’image du président de l’Olympique Lyonnais, Jean-Michel Aulas. A force de prises de paroles plus vindicatives les unes que les autres, on se lasse d’Aulas, de la même façon que j’en ai marre de Neymar. Donc, le dit président s’était prononcé en faveur d’une année blanche, autrement dit les 28 journées de ligue 1 déjà disputées entre août 2019 et mars 2020 compteraient pour du beurre. Son club ayant terminé la saison précédente à la 3ème place, la coupe d’Europe était assurée pour la suivante. Finalement la fédération nationale a opté pour un classement sur le quotient des buts pris au cours des matchs disputés. Résultat : l’Olympique lyonnais tombe à la 7ème place et est privé de coupe européenne. Jean-Michel Aulas, toujours lui, de s’étonner : « Pourtant il n’y avait aucune raison de stopper dès maintenant la saison ». 25 000 morts et des personnes qui tombent comme des mouches ne sont pas une bonne raison au regard du 2ème budget de ligue 1 (310 millions d’euros) loin, toutefois, derrière le PSG dont la cagnotte est de 637 millions. Bien entendu l’argument est financier avec des droits de retransmission qui dépassent l’entendement, mais rien du facteur humain. Des matchs dans des stades vides, des sportifs exposés comme les autres et une course insensée pour terminer le championnat au mépris du sport lui-même. Or, un événement est venu interrompre le temps d’une journée les échanges incongrus entre les responsables de clubs: la mort de Michel Hidalgo. Pour avoir travaillé pendant un an en Provence avec ce fils de métallo espagnol, je vous garantis que ses yeux étaient couleur méditerranée. Du bleu dans les yeux bien avant le film du mondial de 98, les yeux dans les bleus. Je l’écoutais sans broncher, n’ayant justement d’yeux que pour cette piscine qu’il portait dans le regard. Hildalgo est donc parti au milieu de la partie de clowns animée par des présidents sans scrupule. Encore une illustration avec le club d’Amiens qui propose un championnat avec 22 équipes au lieu des 20 engagés habituels, un nombre qui le sauverait de la relégation. Pourquoi pas 35 équipes afin d’intégrer Auxerre à la prochaine saison ? A Dijon, si vous permettez, on est moins con. Ça rime. Les supporters du club furent les premiers avec leurs homologues d’autres villes à exiger l’arrêt complet des compétitions au nom du respect des personnes et puis le DFCO fit un don de 200 000 euros aux hôpitaux de la région. Au regard de son budget de 38 millions, le Paris Saint-Germain aurait eu à faire don de 3 millions et demi d’euros…. Les yeux de Michel sont humides. La Méditerranée déborde sur son visage inondé. Fin de partie pour tout le monde. L’heure est maintenant aux comptes. Marseille vit un fiasco intégral avec un déficit de 100 millions d’euros, une somme qui correspond à peu près à son budget de début de saison. Dijon sauve la mise et conserve un pied dans l’élite, mais le Stade Gaston Gérard sonne creux. Dommage pour le sport, un peu moins pour celui qui a donné son nom à l’enceinte sportive. En effet Gaston Gérard qui fut maire de Dijon de 1919 à 1935 signa les pleins pouvoirs à Pétain à Vichy. Membre de la ligue française, ce mouvement de collabos avait envisagé l’assassinat …du chanoine Kir. Quelques personnes ont dénoncé l’attache du nom de Gaston Gérard, condamné à l’indignation nationale en 1945, au stade de football. On retiendra l’autre association du nom au fameux poulet Gaston Gérard. Une recette née d’un accident en cuisine de Madame avec la chute d’un pot de paprika dans le poulet. Elle ajouta du vin blanc, du fromage blanc et du comté râpé pour masquer l’incident.
Margaux a les yeux bleus comme Michel Hidalgo. Elle est pilier de rugby à l’As Romagnat qui joue dans le Top 16 féminin. Margaux Louis a créé un service gratuit de livraison avec d’autres sportifs dont de grands professionnels du cyclisme à destination des personnes âgées de l’aire urbaine de Clermont-Ferrand. Pas d’argent en jeu, plus de compétition en débat, simplement un geste, cette fois, très sportif. Son groupe a pris le nom des super livreurs et livreuses. Michel a séché ses larmes.
Chronique publié dans le Châtillonnais et l'Auxois; https://www.lechatillonnaisetlauxois.fr/