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27 Jan

Carnets d'Aquitaine

Publié par Philippe BERTRAND  - Catégories :  #Carnets d'Aquitaine

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L'Aquitaine qui chauffe

 

L’Aquitaine qui risque de devenir de plus en plus méditerranéenne avec le réchauffement climatique. Au cours d’une journée technique du comité interprofessionnel des vins de Bordeaux, un chercheur de l’INRA rendait publiques ses études sur l’impact du changement climatique dans le sud –ouest de la France. D’abord les experts sont tous d’accord pour annoncer une hausse des températures entre 2 et 4° dans les 100 prochaines années. Sachant qu’un degré équivaut à une remontée géographique de 180 kilomètres, avec une hausse de 2 °, c’est la viticulture de Perpignan qui s’installe à Bordeaux et avec une hausse de 4° c’est, cette fois, l’Aquitaine  qui devient andalouse. Déjà sur les années particulièrement chaudes, les conséquences sont très visibles comme des vendanges qui se décalent de la fin septembre vers les 10 premiers jours du mois  et un raisin qui mûrit plus tôt , soit début juillet contrairement à la normale qui s’établit vers la mi-août. Du coup, les professionnels du tonneau bordelais pensent déjà à tester des cépages typiquement méditerranéens sur leur territoire comme le trempanillo qui est le cépage de la rioja espagnole. A ce rythme là et sur cette base de 180 km par degré supplémentaire, une hausse de 2° transporterait le Berry à Paris. Bref, ça ne changerait rien symboliquement puisque Paris resterait le centre de la France. En revanche avec une hausse de 4°, le nouveau gouvernement s’installe à Lille. A un degré près on pourrait même être annexé par la Belgique.

 

 

 

Dordogne

 

Welcome in Dordogne. For example, Monpazier, over 700 hundred years of history. Monpazier is the best preserved Bastide in the Dordogne. Ne vous inquiétez pas mais nous entamons un bref séjour dans ce département d’Aquitaine qui est certainement le plus british de tout l’hexagone. Sur les 390 000 habitants du département, on estime à plus de 20 000 le nombre de ressortissants britanniques séjournant régulièrement en Dordogne. C’est pourquoi nos confrères de Sud-Ouest publient une version du journal en anglais, Dordogne English News, dont je viens de vous donner une illustration. Donc la Dordogne et en son cœur le célèbre Périgord, la cible touristique culturelle et historique absolue. C’est comme l’artichaut, on attaque du bout des dents les feuilles avant de se gaver du cœur bien tendre. A couper en 4 morceaux, vert au nord, blanc au centre, pourpre au sud et noir à l’est. Brantôme, Périgueux, Bergerac ou Sarlat pour ne citer que quelques micro-capitales de pays. Plus largement la Dordogne s’encombre de près d’un millier de châteaux et manoirs, de vallées superbes mais à protéger avec la Vézère et les célébrissimes grottes de Lascaux ou la Rouffignac et le non moins célèbre site de cro-magnon. Bref historiquement parlant, you can stop there.

 

 

 

Un département dont la densité historique au km2 est impressionnante. Impressionnante mais menacée. Vous connaissez l’histoire de Lascaux dont les visites publiques furent interdites dès 1963 pour cause de dégradation des fabuleuses peintures rupestres. 20 ans plus tard c’est un Lascaux bis qui fut inauguré et qui continue à se laisser visiter cette fois sans aucune menace puisqu’il s’agit d’une réplique fabriquée sur une coque de béton. Nous sommes en vallée de la Vézère dont le site historique comporte 112 gisements préhistoriques dont 13 sont inscrits au patrimoine mondial. Seul souci, et l’Unesco le confirme, seuls ses sites référencés sont inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco et non l’ensemble de la vallée de la Vézère comme il est annoncé sur un grand nombre de dépliants et autres affiches touristiques. Or tant que le label n’est pas attribué, l’urbanisation de cette zone rurale hors pair peut continuer. Une mesure de protection avait été envisagée par le ministère de l’environnement en 97 suivie de la création d’un comité de pilotage guidé par la Diren, direction régionale de l’environnement, mais le rapport final prévu en 2002 n’est jamais sorti des tiroirs. Aujourd’hui les sites historiques bénéficient d’une protection limitée à un rayon de 500 mètres. Incroyable mais vrai. Les grottes du paléolithique cernées par des pavillons du parpaingcrépilithique pourraient devenir une réalité si on ne réagit pas dans le beau Périgord.

 

 

 

Za-Gorodka (non ce n'est pas du Kobaïen de Magma)

 

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Je vous parle de la Canéda en suivant les prescriptions administratives qui obligent désormais à dire Sarlat la Canéda puisque les deux villes se jouxtent au point d’accorder leur nom. Pourtant je connais bon nombre de personnes qui habitent Sarlat, parce que Sarlat sera toujours Sarlat et d’autres sont à la Canéda, parce que la Canéda.. Enfin bref. En revanche il est un personnage à la Canéda qui mérite toute votre attention si vous ne le connaissez pas encore, il s’agit de Pierre Shasmoukine, peintre, écrivain, plasticien. Installé à la Canéda depuis 1970, son projet reposait sur la création d’un lieu de rencontres et de production artistique. Ainsi est né il y a 39 ans Gorodka que l’on présente comme un des lieux les plus déjantés de France dans la droite ligne de la maison du Facteur cheval. Sauf qu’à force de mélanger les genres on se perd dans des comparaisons impossibles. Disons que Shasmouskine a toujours pensé à un projet à vertu sociale et lui-même se présente comme trans-social et il faut entendre par cette expression une personne qui refuse d’entrer dans une catégorie sociale précise. (ça c’est le truc qui irrite d’emblée les employés du trésor public). Plus sérieusement Shasmouskine refuse d’être pris pour un gourou, un illuminé, un idéologue de l’anti-social ou à un écolo-intello-bobo. Son village artistique musée qu’il a appelé ZA-Gorodka abrite des choses insensées tel cet insecte géant en tube de néons et matériaux de récupération qui vous accueille à la tombée de la nuit. C’est vraiment à voir. Le site donne un avant-goût de la visite et surtout donne à connaître l’inventeur qui précise clairement sa démarche. www.gorodka.com.

 

 

 

Un pôle des metiers d'art

 

 

Vous savez certainement que les régions regroupent les entreprises par thème de production afin de favoriser la complémentarité et une force de frappe plus importante. La formule est un peu raccourcie et directe, mais finalement elle traduit bien les potentiels de développement à l’international des marchés qui se trament dans les régions. Les pôles technologiques représentent près de la moitié de nos entreprises  et ils sont indispensables aujourd’hui. Celui rapporté ici est évidemment plus humble et modeste mais il doit son originalité au fait qu’il regroupe des métiers d’art et est de ce fait tout à fait expérimental. Nous sommes à Nontron dans le Périgord Vert. Ce pôle s’appelle le PEMA (donc pôle expérimental des métiers d’art) et soutient depuis 1999 les artistes et artisans du territoire. Les services de ce PEMA sont calqués sur ceux qui sont proposés aux entreprises traditionnelles à savoir des conseils, des formations, des aides à l’implantation et des accueils en résidence. Pour preuve de l’utilité de ce type de service, plus de 150 entreprises se sont déjà installées sur ce pays du Périgord vert. De façon à informer le grand public le pôle organise plusieurs expositions chaque année et dispose ainsi depuis 2007 d’un espace dédié aux métiers d’arts. www.metiersdartperigord.fr

 

 

méteiers d'art bis

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Des cartes bancaires bio...

 

 

Le journal Sud-Ouest distribué entre autres en Dordogne dresse le portrait des belles industries ou entreprises périgourdines ; Récemment c’était au tour de Selp Vieira de bénéficier d’une page dans le quotidien. Installée à Mereuil sur Belle, cette entreprise  qui est une filiale du groupe d’imprimerie Vieira d’Angoulême,  est spécialisée dans les cartes bancaires et de crédit. 120 personnes ouvrent à la fabrication des précieux sésames de l’argent ou de l’endettement sur ce site et 80% des emplois sont tenus par des habitants du canton local. Selp Vieira a produit en dix ans de fonctionnement 1,8 milliards de cartes. L’entreprise produit encore la nouvelle carte vitale, mais aussi des passeports et des permis de conduire étrangers. ( les passeports philippins, les cartes d’identité ivoiriennes et marocaines sont fabriquées ici !) La société qui avait connu une baisse de régime avec la disparation des télécartes téléphoniques se relance aujourd’hui en multipliant ses productions et elle devrait enregistrer une hausse de 20% de son chiffre d’affaires sur les comptes de l’année 2008. Comment expliquer la réussite d’une société installée en zone rurale et dont des Etats sont clients depuis quelques années ? L’explication donnée par le directeur commercial de la firme est la discrétion de son unité planquée dans une zone sans grand axe de communication et qui participe à la sécurité du site. C’est tentant de repartir avec un carton de cartes bancaires et une valise de passeports. Pour innover et atteindre de nouveaux marchés, l’entreprise produit une carte biocompostable en amidon de maïs.

L’ironie du sort est aujourd’hui la publication par le même journal Sud-Ouest d’une enquête sur les couples de Dordogne qui s’endette. Selon el journal la Dordogne est depuis peu touchée par le phénomène du surendettement avec des familles qui ont contracté des emprunts auprès d’une vingtaine d’organismes avec des taux qui dépassent souvent 20%. Des ménages sont à l’agonie avec ce système de tonneau sans fond qui apparemment fait deux heureux : le créditeur et notre petite entreprise de Mareuil.

 

 

 

 

Les pantouffles de Dordogne!

 

 

Si vous êtes amateurs des fameuses charentaises, les bonnes pantoufles à Papa, vous serez ravi de savoir que la Dordogne possède des experts en la matière. J’ai trouvé des charentaises new look dont un modèle britannique drapé de l’union jack et baptisé Wapiti. En réalité les chaussons de feutre sont né effectivement en Charente au XVIIème siècle. Après une période très creuse pour ces modèles si « pantoufflards », les charentaises reviennent à la mode et se relookent à l’image de l’exemple que je vous ai donné.. Or Il existe un des derniers artisans fabricant d’escarpins et de ballerines. Fondée en 1924 dans le village de Villars, l’entreprise Marquet conçoit, modélise, pique, brode ou coud tous ses modèles dans le même endroit. L’entreprise emploie 50 personnes malgré la crise et les opportunités de délocalisation. Pour rester dans le coup elle encourage les jeunes designers et soutient leurs débuts professionnels en les associant à ces créations. Elle met ses collections en ligne depuis peu à cette adresse. www.quartem.com

 

 

 

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Alors elle n'est pas belle?

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Le complément de l'émission des Carnets de Campagne de France Inter avec son journal régulier des solutions.