Carnets de Basse-Normandie (2)
L'Eure
L’Eure en Haute-Normandie. Par curiosité allez jeter un œil sur le site internet du département aussi accueillant qu’une porte de réfrigérateur. Même si on ne juge pas de la qualité de la communication par la vitrine informatique, force est de constater que celle du département vous laisse insensible. Les sous-ensembles interactifs restent parfois silencieux ou alors ressortent avec un logo en sens interdit spécifiant « page inconnue » comme c’est le cas pour le lien vers l’abordage, salle de spectacle sise à Evreux et consacrée aux musiques actuelles qui peut satisfaire la forte proportion de la jeune population locale. Il faudra aller directement sur le site de la salle à abordage.net pour découvrir de façon sibylline la programmation à venir. Il existe aussi une autre jeunesse moins heureuse parce que parfois défavorisée ou victime de retards scolaires. C’est à celle-ci que pensait Gérard Garouste en créant dans le département, il y a plus de 14 ans maintenant, un lieu privilégiant les pratiques et formations artistiques, la Source.
Télégramme
Je me demande ce que Michel Audiard aurait inventé comme scénario de film sur ce fait divers incroyable qui s’est déroulé dans l’Eure à proximité d’Evreux. Ecoutez un peu : En juin 2009 nous apprenions qu’une fouille archéologique avait révélé un trésor inédit. En effet l’inrap, (l’institut national de recherches archéologiques préventives) a procédé à ce qui s’appelle une fouille préalable sur le tracé du futur contournement d’Evreux, à Parville. Les chercheurs ont d’abord découvert une belle exploitation rurale gauloise datée du 1er siècle avant notre ère mais ensuite une maison gallo romaine plus récente renfermant un trésor monétaire caché à la fin du IIIème siècle de notre ère constitué d’une centaine de pièces en bronze dont les 2 tiers sont fausses. Les vraies pièces, des sesterces usées datent de Néron, les fausses, de taille inférieure aux vraies, sont frappées à l’effigie de l’empereur usurpateur posthume. Posthume ou Postumus est impliqué dans le meurtre de l’empereur officiel Gallien. Postumus aurait par la suite interdit la production de monnaie officielle à l’atelier de Trèves, ce qui aurait provoqué la création d’officines de faux-monnayeurs. On peut imaginer un gang de faux-monnayeurs gallo-romains irrigant le marché de leur fausses pièces et sévissant sur les chemins escarpés de la gaule romanisée en crise.
L'Orne
L’Orne, les Ornaises et les Ornais. Ne confondez pas avec l’ornière quoique le département éprouve des difficultés à se réveiller. A une époque on le disait trop près de Paris pour pourvoir intéresser les entreprises, l’affaire Moulinex a été douloureusement ressentie sur la région. L’Orne reste ainsi spécifiquement rural avec ses charmes, son pays de bocage à l’ouest, porté désormais au 3ème rang industriel de Basse-Normandie, au centre les pays d’Argentan et d’Auge Ornais et son haras national du Pin, le cheval y est roi et l’Orne est le premier département français en matière d’élevage de trotteurs. Juste au-dessous, le pays d’Alençon, à l’est le pays d’Ouche et son tissu industriel reposant sur la métallurgie et l’industrie chimique et enfin au sud-est la belle nature du pays du Perche ornais et ses célèbres manoirs. Cela donne deux collines l’une à l’ouest se frottant au massif armoricain et l’autre à l’est au bassin parisien, restent les plaines au centre. Au total une démographie peu réactive et une densité bien inférieure à la moyenne nationale avec 48 habitants au km2 pour une population globale estimée à 290 000 personnes. Alençon, la préfecture et Argentan et Mortagne au Perche, les sous-préfectures. L’Orne, le pays de Gabin ou de Daniel Balavoine, pour faire plus chic, de Fernand Léger et d’André Breton, et plus vif d’esprit, du philosophe Alain et de Michel Onfray.
Télégrammes
Débordant sur la voisine des Pays de la Loire, le parc naturel régional Normandie-Maine couvre en grande partie l’Orne. Chargé de préserver et de développer un territoire de 235 000 hectares, ce parc a édité un cahier sur l’habitat et les nouvelles économies d’énergie. Les chiffres qui apparaissent dans ce cahier sont édifiants en matière de dépenses énergétiques : Ainsi notre consommation d’énergie générale entre 1973 et 2000 a augmenté de plus de 40% et le secteur du bâtiment un très gourmand en matière de chauffage et d’électricité : il représente 25% de la production d’effet de serre (juste après les transports), 40% de la consommation d’énergie et 50% des ressources naturelles. Les initiatives par répondre à cet état de fait ne manquent pas. Je retiens celle prise par le pays d’Alençon en partenariat avec le Parc régional et la communauté urbaine d’Alençon. L’opération s’appelle « écotestez-vous » et consiste en un accompagnement gratuit de vos consommations d’électricité, de gaz, de fioul ou même d’eau (vous aurez remarqué que le montant de vos factures augmentait à vue d’œil). En parallèle la Maison du Parc à Carrouges organise une exposition « passez au durable » qui s’inscrit dans la semaine du développement durable du 1er au 7 avril. Pour de plus amples informations, l’adresse du parc est www.parc-naturel-normandie-maine.fr.
Vimoutiers, en pays d’Auge, tout au nord où nous rejoindrons le jeu des 1000 euros, Argentan au sud, Mortagne au Perche pour la portion Est et Flers à l’Ouest du département. Parmi les industries aujourd’hui bien implantées sur ce territoire, il en est une qui depuis 20 ans, permet de vous approvisionner en objets de loisirs inévitables : les CD, Cd rom et DVD. Nous sommes à Tourouvre dans le Perche ornais où siège depuis 1950 une société jadis spécialisée dans le pressage du disque. Oui vos bons 45 ou 33 tours provenaient en grande partie de l’AREACEM, devenue en 1980 SNA (Société Nouvelle Areacem). Aujourd’hui SNA est un des leaders européens du pressage de CD et de DVD à raison d’une capacité de 400 000 CD/jour et de 200 000DVD/jour. L’implantation de l’entreprise sur ce département a été prolongée par un développement de la plasturgie qui concerne aussi bien la production de bouteilles plastiques que la fabrication d’accessoires auto. Depuis, deux pôles de formation très spécifiques ont été créés sur le même terrain avec l’Institut Supérieur de Plasturgie d’Alençon, ISPA, et l’ISMO, Institut Supérieur du Moule. Quant à la partie polluante de ces industries, exceptionnellement, je vous laisse juges ou témoins, n’ayant pas eu l’occasion de humer l’air ni de pêcher dans les rivières du coin.
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Département de l’Orne, région de Basse-Normandie, et une économie dont nous avions déjà soulignée les particularités à commencer avec la filière équine. Le cheval y a même son Versailles, avec le Haras du Pin et désormais il possède également un Pôle de compétitivité Filière équine et un conseil des Chevaux de Basse-Normandie (réunir tous ces chevaux autour d’une table et les faire parler n’est pas chose évidente.. .Je blague). Le conseil des chevaux de BN regroupe l’ensemble des professionnels du cheval et coordonne leurs actions. Mieux le département de l’Orne a inventé une ANPE du cheval, autrement dit une agence d’offre d’emplois effectifs et nombreux d’ailleurs. Il suffit de consulter le site du conseil et pôle d’activité pour comprendre qu’on peut manquer de maréchaux ferrants ou d’inséminateurs ici et là. Depuis la création de ce service, en mai 2007, 200 personnes ont déjà trouvé un emploi. Le site ouvre également sur un annuaire de tous les professionnels du cheval qu’ils agissent dans le domaine des conseils vétérinaires, du tourisme ou des sports équestres. L’adresse est : www.chevaux-normandie.com
Une autre source d’emplois dans l’Orne est la plasturgie dont je vous ai parlée il y a peu. Une marque célèbre y a installé dès sa fondation ses ateliers de fabrication : Heller. Heller et nos fameux modèles réduits en maquette à monter chez soi en se collant les doigts et en barbouillant la nappe du salon. Premier modèle, qui fait un malheur à sa sortie à Noël en 1957, la caravelle au 1/100ème soit 59 pièces à agencer. 400 000 exemplaires seront vendus. Hélas après le rachat de Joustra en 99, Heller connaît les affres du marché. (Décidément les entreprises du jouet ne sont pas des cadeaux) Reprise, redressement judiciaire, la Caravelle bat de l’aile, et les licenciements tombent jusqu’à une nouvelle reprise de la société qui a relancé ses activités. Le site est à www.heller.fr.
Un mot sur un festival original organisé chaque mois d’octobre à Mortagne, le festival danse jazz et comédie musicale. Un rendez-vous initié par Arthur Plasschaert qui fut chorégraphe des fameuses émissions paillettes de nos passés cathodiques signées Maritie et Gilbert Carpentier. Mais aujourd’hui je voudrais porter notre regard sur le travail fourni par Muzic Azimut, association des musiques du bocage ornais. Né à Flers en 99, décidément le lieu semble bien vivant et réactif, Muzic Azimut était d’abord le nom d’un festival qui se poursuit chaque année en octobre depuis son lancement en 1996. 2008 en sera à sa 13ème édition avec ce festival des musiques actuelles. D’ailleurs chaque édition porte autant sur le rock que le reggae, la chanson, l’électro, le métal ou la world, bref tous les styles et tous les genres avec des représentants internationaux mais aussi des découverte régionales. En moyenne Muzic Azimut accueille 5000 personnes à chaque manifestation. Toutefois la particularité de cette association qui fonctionne désormais avec 3 salariés à plein temps est de produire des musiques et spectacles et de développer des actions en faveur du jeune public. Raphael dans son courrier donne l’exemple d’atelier d’éveil et de création musicale avec les écoles. Cette année l’action a pour thème « Marmots et griots » soit des rencontres et concerts avec d’autres cultures musicales. En outre le grand projet de l’association ets de consolider le tissu associatif local du pays du Bocage, qui représente un tiers de la population départementale soit 95 000 personnes pour, je cite « résister aux pôles urbains professionnels qui aspirent la plupart des moyens ». le site de référence est www.muzicazimut.fr dans lequel figure un agenda culturel avec l’annonce entre autres du festival lycéen Flers suivi toujours axé autour des musiques actuelles.
Ce pourrait être une histoire cousue de fil blanc entre Alençon, Flers et Mortagne au Perche et pourtant le tissu et le fil y sont bien présent. Alençon, capitale de la dentelle dont le fameux point d’Alençon est encore utilisé par la haute couture, Flers, ensuite petite capitale régionale du tissage et Mortagne au Perche dont le filet brodé est un précurseur de la dentelle. Pas étonnant donc que le programme de la scène nationale 61 soit présenté en dentelle. Institution publique dévolue aux arts de la scène, celle-ci présente la particularité de toucher les 3 villes précitées. Régine Montoya qui a pris la direction de ce lieu depuis tout juste un an, annonce un programme sans élitisme dans un lieu de réconfort par le beau cad par l’art. A y regarder de plus près, les spectacles proposés au théâtre d’Alençon siège administratif de la scène nationale 61, ou au forum de Flers et au Carré du Perche de Mortagne, sont largement originaux et variés. Ne croyez pas qu’une scène labellisée nationale se contente de faire tourner les spectacles auxquels ces salles seraient abonnées. Chaque scène a son identité et celle de l’Orne est particulièrement bien marquée. www.scenenationale61.com