Carnets de Bourgogne (2)
la Nièvre
Nièvre, premier réflexe, Château-Chinon et François Mitterrand dont il sera maire à partir de 1959. Et puis c’est aussi l’hôtel du Vieux Morvan à la terrasse duquel Mitterrand savoure son élection à la tête de la République en mai 81. Photos jaunies d’une époque révolue comme le site de la ville qui vous accueille par une vue aérienne de la petite sous-préfecture très années 60 avec ses couleurs délavées et une invitation à entrer dans le site en bleu, blanc, rouge. Autre France, autre temps. Au milieu de la modernité à tout crin, j’apprécie toutefois ces repères nostalgiques voire hors du temps. Nièvre, second réflexe, le circuit de Magny-Cours. Pollution et gâchis pour les uns, génie de la vitesse et de la technologie accroché aux bocages nivernais, pour les autres. Magny-Cours reste et restera marqué par Guy Ligier, dont on ne parle plus et qui pourtant, à 79 ans, continue à construire des voitures. La Nièvre et sa population qui fond inlassablement aux portes de l’an 2000. Ainsi pendant la décennie qui précède le nouveau siècle, les arrondissements de Château-Chinon et de Clamecy auront vu leur population diminuer de 5 à 7%. Clamecy au nord, Château-Chinon à l’est, Nevers la préfecture à l’ouest et Decize au sud. Là aussi plane une ombre, mise à part celle de Saint-Just, enfant du pays, celle du bassin minier. Nous sommes à proximité des autres bassins de Montceau les mines. Souvenirs d’une activité qui cessa en 1974. La Nièvre rurale privilégie aujourd’hui comme beaucoup d’autres le tourisme vert. Il l’est particulièrement là-bas et les paysages méritent plus qu’un simple passage dans cette région qui entre dans le Parc Naturel Régional du Morvan.
La densité de population atteint 33 habitants au kilomètre carré. On frise la correctionnelle soit une totalité de 225 000 habitants. Mais en échange, je ne me lasse pas de ses décors de bocages accrochés aux collines. Ces collines se regroupent au centre du département tandis que l’ouest rejoint la Loire et le val de Loire, tandis que l’est s’étend avec le Bazois sur les contreforts du Morvan. La Nièvre c’est d’abord et surtout Nevers. Je ne vais pas dire que le reste est un no man’s land, mais il se résume aux sous préfectures de Cosne sur Loire et Clamecy au Nord et de Château-Chinon à l’est. Du point de vue économique le découpage est presque simple, industrialisé à l’Ouest le long de la Loire et agricole au centre et à l’est. L’industrie justement se partage entre la métallurgie et la chimie qui emploient chacune plus de 2000 personnes suivies des biens d’équipement mécanique et des biens du foyer et enfin de l’agroalimentaire. Restent quelques entreprises traditionnelles jadis fameuses et discrètes aujourd’hui comme l’imprimerie à l’image de la société Paragon à Cosne sur Loire dont les salariés ont perdu une revendication qui devait améliorer les salaires d’une hausse de 1%, inférieure à l’évolution des prix. Faute de concurrence et de dynamique locale, l’entreprise a tenu ferme, Paragon qui n’est pourtant pas un parangon de vertu (avec un nom pareil ils ont un peu cherché le jeu de mot).
Télégrammes
Fabien Bazin est maire de la commune de Lormes dans la Nièvre et il est surtout l’instigateur d’un plan de défense des communes rurales qui ccontinue à faire du bruit. Pour cause, il l’a baptisé: le bouclier rural en réponse ironique au grand voisin fiscal, sauf que l’ironie n’est pas le ressort du programme. Ici on part d’un constat, les ruraux n’auront bientôt pour profiter des services de base (santé, alimentation, poste, banque) qu’à prendre un abonnement en ville. Non sens quasi complet quand les projections des modes de vie à venir prévoient 8 millions de personnes supplémentaires aspirant à vivre en zone rurale. Solutions : sur le principe des zones franches urbaines, le bouclier rural préconise des zones franches rurales pour développer l’économie ( par l’exonération des taxes et charges sur les entreprises qui convoitent l’installation dans ces territoires, par des pôles ruraux de compétitivité qui concernent aussi bien par exemple le télétravail que les filières courtes de l’agroalimentaire, par la création d’un ecovillage par canton afin d’accueillir les nouvelles populations) et pour l’accès aux services publics (le programme préconise de garantir les services de santé (exemple : une prime individuelle pour les médecins isolés et d’exiger que les services de justice, d’éducation, les services postaux ou du Trésor soient accessibles à moins de 20 minutes des usagers) . Seconde décision, grand corrélat des précédentes propositions : que le bouclier fiscal soit abrogé.
Vous comprenez que ce plan met de l’huile sur le feu dans un débat déjà très agité. Il n’empêche que Christian Paul député de la Nièvre propose ce plan en projet de loi à l’assemblée et que le rural va faire la une dans peu de temps. Le site du programme est à www.bouclier-rural.net.
L'escargot nombril de la France
Récemment l’Institut géographique national précisait que le nouveau centre de la zone euro avec ses 13 membres restait dans notre département. Avec ses nouveaux entrants le centre de cette zone a en effet légèrement glissé en passant du village de Montreuillon dans la Nièvre, qui avait inauguré une place de l’euro en 2002 à la commune de Mhère, 290 habitants et distante de 8 kilomètres du précédent centre géographique. Pour rappel certains pays de l’union n’ont pas adopté l’euro comme la grande Bretagne et le Danemark, d’autres tardent comme le Suède et enfin d’autres doivent patienter. Histoire de faire la rime de l’euro à l’escargot, je mentionne le courrier de jacques. Jacques réside en saône et Loire, certes, mais lorsqu’il est question du gastéropode toute la Bourgogne se lève ( c’est comme la pub pour un célèbre yoghourt). Or le fameux ‘escargot de Bourgogne’, comme l’explique Jacques ne porte que le nom car 90% de la production provient des pays de l’est et notamment de Pologne. Pourquoi ? Je cite encore notre correspondant, « parce qu’en Bourgogne les pesticides les tuent. Certes dit-il, il existe toutefois encore de bons élevages mais ce sont surtout des petits gris qui passent à la consommation ». Cela ne doit vous interdire de faire une dégustation d’escargots et notamment d’une bonne assiette de petits gris accompagné d’un petit blanc. Avec modération, comme d’habitude.
Sycophante de la presse locale...
Je profite de ce pas dans la Nièvre pour répondre à la suggestion que Jean Bojko, patron du théâtre éprouvette à Corbigny, qui propose en place du terme de cafteur celui de sycophante. Dans l’Athènes antique, le sycophante était un délateur professionnel. Pour la belle histoire des étymologies, ce terme est composé de ‘sukon’ ; la figue et de ‘phaino’, découvrir. Selon Plutarque les vilains cafteurs s’en prenaient aux exportateurs de figues hors de l’Attique, cette exportation étant illégale. Une autre explication le sycophante serait celui qui montre les figues cachées par un voleur dans ses vêtements. Comme les figues sont des produits de faible valeur, le sycophante serait donc une personne qui n’hésitait pas à dénoncer des vols sans importance. Pour être plus précis, sinon vous allez me répondre que jamais plus vous ne serez sycophantes de nos carnets, l’existence de délateurs dans la Grèce antique correspondait à un système juridique athénien très particulier. En l’absence d’un ministère public, c’était une assemblée populaire de 6000 citoyens tirés au sort qui constituait le principal tribunal. On comptait donc sur le civisme populaire pour dénoncer les crimes. Merci Jean pour toutes ses informations qui vont enrichir la mémoire de nos carnets. Je profite également de cette étape pour saluer « vents du Morvan » magazine associatif et néanmoins très professionnels. Tiré à 2500 exemplaires sur 80 pages et à raison de trois numéros par an, « vents du Morvan » consacre ses pages autant aux richesses du patrimoine qu’aux avancées économiques et environnementales du pays. Chaque numéro propose des portraits détaillés d’acteurs locaux, la présentation de sites du patrimoine architectural ou des chroniques sur l’actualité culturelle. Un avant-goût vous est donné sur le site www.ventsdumorvan.org
Le fils de star et la princesse déchue. Conte authentique.
Nous sommes sur une longue départementale qui traverse d’est en ouest le département de la Nièvre. Saint-Benin d’Azy à 30 km de Nevers. Marie-Dorothée, dite Princesse Mimi, raconte pour la énième fois, cette nuit d’été 1983. L’estafette de la gendarmerie de Saint-Benin crache la lumière bleue acier de son gyrophare sur les champs de blé qui bordent la toute petite route qui conduit vers le hameau de Valotte. La nuit est bien engagée déjà. Il n’y aura aucun témoin de la scène sinon elle seule. Normal, elle attend de pied ferme le convoi qui s’achemine vers sa demeure. La gendarmerie nationale ouvre la route à un bus londonien, le fameux routemaster à deux étages. A chaque évocation de cette arrivée, Marie-Dorothée de Croÿ sèche une larme et termine son fond de verre. Nous sommes dans sa ferme manoir du 15ème théâtre d’étranges activités après avoir été le lieu d’un élevage de bovins qui ont fait la réputation de notre princesse. La frêle silhouette qui vous parle a en effet été à l’origine d’un des plus gros élevages de la région et d’un marché international de charolais reproducteurs qui ont essaimé sur tout le continent américain. Aujourd’hui princesse mimi revient à ses premières amours, l’écriture et la musique. En 1981, elle inaugure un festival pop rock dans un des prés qui jouxte la grande ferme manoir. Noir désir y fait ses débuts. Groupes américains, australiens ou britanniques sont chaque été à l’affiche de ce rendez-vous dont la réputation s’arrête aux portes de Nevers. En parallèle Marie-Dorothée donne un autre essor à ses étables et granges. On y enregistre, on répète dans l’indifférence totale des médias qui ignorent le nom même du pays. David Gilmour, guitariste du Pink Floyd vient y faire ses gammes à l’abri du monde, on y croise Ian Ackermann et même Vince Taylor. Le tout dans un style baba champêtre artisanal. Seulement cette nuit de 1983, le fameux bus apporte une autre surprise : un jeune musicien compositeur de 20 ans en quête de liberté et de calme pour écrire son premier album. Il s’appelle Julian Lennon. Mimi, la princesse, joue la maman poule, le petit Lennon se laisse bercer par la voix de cette nounou française. 6 mois plus tard Julian mixe ses premiers titres à Londres, le disque sera produit par Phil Ramone et l’album s’appellera « Valotte », comme ce hameau du bout du monde dans un bout du monde de la Nièvre. Il est à mon goût le meilleur de Lennon. En consultant Internet j’ai appris que Princesse Mimi était décédée en mai 2005 en laissant derrière elle quelques musiciens orphelins. Le festival pop rock de Valotte, quant à lui, avait disparu bien avant le départ de la princesse éleveur de Charolais.
Un cinéma de Papa (comme on l'aime)
Plusieurs courriers attestent de l’intérêt des associations départementales pour le cinéma et en particulier un festival qui n’aurait pas déplu à Jacques Tati : Partie(s) de campagne. Tout se déroule autour d’un village du Morvan, Ouroux, d’ailleurs dès qu’on dit Morvan, il faut l’ajouter au nom, donc Ouroux en Morvan, et les mordus de cinéma locaux ont su convaincre tout le village qui contribue à la réalisation normalement impensable de ce festival : il n’y a aucune salle dans le coin. Du coup tous les lieux et tous les moyens sont exploités : une ancienne gare de triage, une grange, une cave ou une étable, précise Yann qui œuvre au sein de l’association organisatrice « Sceni Qua Non ». Le pire est que chaque espace est totalement transformé : véritable cabine 35 mm, fauteuils en velours et grand écran et parmi les moyens utilisés, on trouve une caravane baptisée le cinémanouche pour des projections sur le thème de la vie en couple, des bataillons de vélomoteurs (le cinémobylette). Le type de film privilégié ici est de format court-métrage avec une compétition comme chez les grands, des prix, des rencontres et des découvertes des produits du terroir. On le sait bien lorsqu’il n’y pas de tiroir caisse, il y a quand le terroir et les amuseurs du cinéma s’en donnent à cœur joie et n’utilisent que des espaces prêtés par des particuliers. En parallèle l’association se démène comme un diable pour insinuer le cinéma dans les collèges et lycées et offre aussi des projections de films du patrimoine aux plus jeunes. La prochaine édition du festival se déroulera du 16 au 18 juillet et dans ces vastes étendues champêtres, je peux dire que cette bande de passionnés ne manque pas d’air. Leur adresse sur le Net : www.sceniquanon.com.
Touche pas à mon potier
Il y a la Puisaye de l’Yonne, celle de Colette, mais il y a aussi une extension de cette Puisaye à la pointe extrême nord-ouest de la Nièvre. Nous sommes au carrefour géographique du Cher, du Loiret et donc des deux départements bourguignons. A saint-Amand en Puisaye, nous parvenons au cœur même du grès et de la poterie. Capitale nationale pour ainsi dire de la céramique, Saint-Amand abrite un musée de la céramique dans le splendide château de la commune. C’est la famille Lacheny qui demeure la figure de proue de la céramique contemporaine à cet endroit même si aujourd’hui les ateliers de créateurs sont innombrables. C’est dans ce contexte qu’est née l’association « les enfants potiers » sur l’impulsion d’Anne-Marie, notre correspondante, pure produit (pardon pour la formule un peu forte) du pays : Anne-Marie a été formée au CNIFOP (Centre national d’initiation et de formation aux métiers de la céramique). Ce centre lui-même installé à Saint-Amand-en Puisaye prépare aux différents Cap de la terre (cap tourneur, cap décorateur…). Les enfants potiers proposent des activités pédagogiques grâce à un camion atelier itinérant. Il s’agit non pas de faire venir un nouveau public à la céramique mais d’aller à sa rencontre : dans les écoles mais aussi dans les établissements de santé, les centres d’insertion ou tout simplement au cours d’ateliers de rue. Le résultat est assez surprenant et la démarche est à encourager : le site de référence est www.lesenfantspotiers.fr et vous avez le détail des formations ou stages proposés par le centre de formation des métiers de la céramique à www.cnifop.com
Mac Cormick's show
J’ai découvert le Monster garage à la française. Disons le monster garage rural. Tout se passe dans un petit village (éternel pléonasme) nivernais : Saint-Loup des Bois. Nous sommes en 1979 et une poignée de passionnés de mécanique agricole et membres du foyer rural décident de restaurer le bon Mac-Cormick 10-20 familial. (Je donne évidemment cette référence à la seule intention des connaisseurs, même si je serais curieux de vous voir placer une citation du Mac Cormick 10-20 dans une conversation). Le Framaa est né aussi simplement à cette date, framaa= Foyer Rural et les Amis de la Machine Agricole Ancienne. Souriez, mais depuis ce temps, les dits passionnés ont étalé leur musée de la machine agricole d’antan sur 2 hectares de terrain avec près d’une centaine d’engins pour certains totalement improbable tel le tracteur à vapeur Robert Bell de 1911 de 10 tonnes. Surtout par curiosité en visitant leur site, vous verrez les ateliers de ces sauveurs de moissonneuses ancestrales qui passent du bloc de rouille à des machines de compétition (ou presque). Enfin tous les deux ans, le framaa organise une rétromoisson qui attire près de 10 000 curieux. www.framaa.fr
L'intergénérationnel
C’est Stéphane qui, par son courrier, nous oriente vers l’antenne nivernaise du réseau associatif EGEE présent dans toutes les régions de France. A l’énoncé du nom reconstitué à partir des 4 lettres Egee, vous comprendrez la démarche de ce mouvement : Entente des générations pour l’emploi et l’entreprise, soit une foule (ils sont plus de 2000 !) de cadres ou chefs d’entreprise retraités qui conseille et accompagne les jeunes, les créateurs, les TPE et PME, les structures publiques et les associations. Le nombre exact de ces conseillers et conseillères bénévoles atteint à l’heure actuelle 2097 personnes dont les missions sont régies par une charte déontologique stricte, « notamment, dit le site de l’association ‘ vis-à-vis du secteur marchand. Créé en 1977 à l’initiative de la Caisse des Dépôts et Consignations, du Cnrs et de la Fondation de France, Egee deviendra autonome en 82 et obtiendra le concours financier de plusieurs ministères. Tous les établissements scolaires ou de formation publics ou privés peuvent faire appel aux services des retraités de l’économie, mais Egee intervient aussi auprès des demandeurs d’emploi en lien avec les missions locales, les permanences d’accueil et d’orientation, les maisons de l’emploi etc. En 2008 25 000 interventions ont été réalisées pour un équivalent de 36 000 journées d’activité. Et comme le précise Stéphane l’équipe de EGEE Nièvre se relance cette année avec une belle dynamique. Le site général est à www.egee.asso.fr
La Saône et Loire
Place à cette Bourgogne du Sud comme certains tentent d’appeler ce département dessiné principalement autour de Chalon sur Saône au nord et Mâcon au sud. Un département carrefour sur la ligne Paris-Lyon, avec sa ligne TGV et ses deux gares du Creusot et de Macon Loché. Cette dernière avait été voulue par François Mitterrand, puisqu’elle se situe face à Solutré pour ne pas dire au pied de la roche. Nous sommes également sur la ligne de partage des eaux entre le bassin de la Loire et celui du Rhône. Pour les noms de pays chacun y retrouvera un goût de viande bovine, de vin ou d’histoire : L’Autunois adossé au Morvan au nord-ouest, le charolais au sud-ouest, entre les deux l’ancien bassin minier du Creusot, au sud, le mâconnais, la Bresse bourguignonne au sud-ouest et enfin le châlonnais au nord. Avec 550 000 habitants, le département reste le plus peuplé de la région (ce chiffre représente en effet le tiers de l’ensemble de la population de bourgogne) avec une plus forte densité sur l’est du département le long des voies de communications et au sud par la proximité de Lyon. Je ne vous ferai pas le tour d’horizon touristique des lieux au risque de faire une liste à rallonge entre une bonne table à Chagny, une visite de Cluny et un verre de Buxy, trop méconnu hélas.
Télégrammes
Montebourg et les scènes nationales
Le département a voté l’année dernière un budget primitif en créant un impôt bricolo selon la formule d’Arnaud Montebourg afin d’assumer le vieillissement de la population et d’assurer la dépendance des personnes âgées. La décision pas populaire pour un sou a fait évidemment débat au cœur d’un département qui cherche à limiter sa dette et à répondre ainsi à une diminution des recettes. Comme le précisent nos confrères du journal de Saône et Loire, la mesure a créé une pression fiscale de 13,5 %. De quoi faire jaser les ménages. La Saône et Loire tient son économie en grande partie de l’agriculture avec 554 000 hectares de culture, sans oublier ses 13 000 hectares de vignoble et une foison de bêtes à cornes et de volailles. Je retiendrais aujourd’hui la partie culturelle hautement moins polémique avec les trois scènes nationales dont le département dispose : Mâcon scène nationale, l’Espace des arts de Châlon sur Saône qui produit un beau travail et enfin l’Arc. Un mot sur ce dernier implanté au Creusot et labellisé depuis 1991 ; comme toutes les scènes nationales (elles sont 70 en France), l’Arc propose une trentaine de spectacles pendant la saison couvrant toutes les formes du spectacle vivant en empiétant aussi sur les arts plastiques et en pratiquant des ateliers enfants et adultes et des résidences d’artistes. Surtout avec un cadre en périphérie rural et semi rural, ce type d’espace s’active grandement à limiter les inégalités d’accès à la culture. Pour ce faire l’Arc a passé des accords avec les pays de cette partie ouest du département. www.larcscenenationale.fr
Gaulois, toujours. Enfin gallo-romain, beaucoup.
Bibracte, capitale à la fin du 2ème siècle avant notre ère des Eduens, un des peuples gaulois qui composaient la mosaïque pluriethnique du pays. Pour une population estimée entre 5000 et 20 000 habitants, Bibracte fut un haut lieu de l’histoire : Vercingétorix y fut sacré chef de la coalition gauloise et César y acheva la rédaction des notes sur la guerre des gaules. Bizarrement la ville n’aura rayonné qu’un seul siècle avant d’être transplanté à 25 km du site du Mont Beuvray en un lieu qui donnera naissance à la ville d’Autun. On se souvient de l’affection que le président Mitterrand portait à cet endroit, logique puisque nous sommes à cheval sur la Saône et Loire et la Nièvre. Aujourd’hui l’ancienne capitale est exhumée petit à petit et est devenue un site de référence pour l’étude de la civilisation celtique. Surtout son musée très didactique s’accompagne d’un centre européen de recherche et de formation consacré à l’archéologie. Le tout dans un espace naturel remarquable recouvert de 1000 hectares de hêtres et de résineux et classé au titre de site naturel. Un passage par Bibracte s’impose.
Francette et ses roses.
Nous sommes dans un petit village, pléonasme que j’assume, de 514 habitants au recensement de 99. Charmant, il va sans dire. Nous sommes en 1998 et Francette est maire de cette commune. Elle n’a plus cette charge maintenant et n’est pas candidate aux prochaines municipales, ce qui nous permet d’en parler encore plus librement. Le problème nait d’une friche marécageuse qui croupit au cœur du village. Ça fait tâche. On pourrait penser à remblayer l’endroit, à le consolider et pourquoi pas édifier un espace de logis type lotissement, sauf qu’à la Celle on ne presse pas pour y créer sa résidence principale. Finalement ce n’est pas plus mal. Madame le maire et son conseil planchent sur le vide à combler et en réfèrent au comité départemental d’habitat rural. Comme le lieu porte le nom de Champ-Rosé, pourquoi ne pas y installer une roseraie. Un chantier d’insertion est mis en place à cette occasion, chantier financé par des fonds européens. 10 personnes y travaillent pendant 18 mois. Restent les rosiers. Francette lance un appel par le journal des communes. 800 rosiers lui sont offerts par autant de villages. On crée des ponts, on creuse des bassins en respectant les arbres qui bordent l’endroit et qui figurent à l’inventaire des arbres remarquables du parc naturel régional du Morvan. En juin 99, on inaugure la roseraie des villages de France. Deux emplois fixes sont proposés. Un parcours pédagogique est dessiné, une fête annuelle est organisée qui attire 3000 curieux dans notre petit village. Une goutte d’eau, mais c’est avec elle, vous le savez, qu’on fait les océans.
"Y'a pas photo".
Nous poursuivons notre route en Saône et Loire en Bourgogne et si je vous parle aujourd’hui de Nicéphore Niepce, inventeur de la photographie, je ne vais créer aucune surprise. En revanche, là où la personnalité de Niepce est étonnante, c’est dans la gamme d’autres inventions dont il est l’auteur et que la photo a occultées. C’est un comble pour la révélation par l’image. Catherine nous a envoyé un courrier qui nous a mis sur la voie du pyréolophore, premier moteur à combustion interne de l’histoire réalisé par Nicéphore et son frère Claude en 1807. Le musée Niepce de Châlon sur Saône conservait depuis cette époque des schémas et plans du pyréolophore dans un carton jusqu’à l’année 1999, date à laquelle Jean Louis Bruley, agrégé de génie mécanique, décida de construire l’engin. Le moteur reconstitué est adapté à une barque à fond plat, typique des anciennes barques utilisées jadis pour traverser la Saône. Le tout est présenté à la maison de Nicéphore Niepce à Saint-Loup-de Varennes transformée en musée hommage à l’inventeur. L’histoire de cette invention dont la nouveauté tient à la synchronisation des mouvements réalisés exclusivement selon un principe mécanique (aujourd’hui il serait remplacé par l’électronique) puisque l’engin réhabilité pourrait même répondre aux nouvelles normes d’économie d’énergie. Jean-Louis Bruley y travaille sérieusement. Le détour par cette maison Niepce s’impose en complément du musée de Châlon. Son adresse sur le Net est limpide : www.niepce.com. A noter que le projet de la maison Nicéphore Niepce est conduit depuis le départ par une autre photographe, Pierre-Yves Mahé, fondateur de l’institut Spéos, école internationale de la photo sise à Paris.
Le sapin fait la loi
J’ai encore une fois déniché un tout nouveau site internet qui pourra être utile aux ruraux, néo-ruraux et futurs ruraux. Il s’agit de RuralNet, l’hebdomadaire pour que Vive le Monde rural, dit le sous-titre de ce portail des territoires. Lancé par le CNPR, le centre national de promotion rurale, le site est surtout une grosse boîte d’informations et de messages des particuliers qui peuvent trouver des réponses pratiques à leur question et préoccupation. Même si pour l’instant il est encore en phase de test sur quelques régions, sa lecture donne une première idée de ses développements potentiels. Justement concernant la Sâone et Loire, j’ai trouvé une information qui a retenu notre attention. Il s’agit d’un collectif citoyen de sauvegarde de la forêt du Morvan. Le GFSF, Groupement Forestier pour la Sauvegarde du Feuillus, se bat pour empêcher la disparition programmée des forêts comme l’écrit une auditrice, Monique qui cafte aussi de son côté le groupement. J’en viens aux faits et à la méthode employée par le Groupement qui achète petits à petits des parcelles de forêts. Les faits : la forêt morvandelle, ce sont 123 000 hectares de feuillus( hêtres, chênes et châtaigners). Comme partout 85% de ces parcelles appartiennent à des propriétaires privés avec une loi forestière qui laisse à chacun le choix du mode d’exploitation de son bois. Or depuis 30 ans des plantations de résineux à grande échelle prennent le pas sur les feuillus à raison de grandes coupes blanches et d’un passage au buldozer des surfaces forestières. Pourquoi des résineux ? Parce que la France importe plus de bois qu’elle n’en produit depuis les années 60-70 et le résineux pousse rapidement et est tout aussi rapidement exploitable. Le groupement, émanation de Autun Morvan Ecologie, a donc décidé de freiner la fracture naturelle irréversible. A titre d’illustration en 1970 les résineux représentaient 23% du patrimoine forestier contre 51% aujourd’hui. Plusieurs dizaines d’hectares sont rachetés par le groupement dont l’adresse sur le Net est http://autun.morvan.ecolog.free.fr/groupement.htm
Roule, ma poule
Même si le type de service dont je vais vous parler n’est pas nouveau, celui-ci présente l’avantage d’être plus que pratique dans ses exemples, ses résultats et financements. Il s’agit de l’association « Mission Mobilité ». Son objectif, on le devinera aisément, est d’apporter de solutions de mobilité afin de participer à l’insertion professionnelle de publics isolés en zone rurale. Les services de Mission Mobilité dont le siège est à Louhans incluent l’information sur les offres de transport, la location à très bas tarif de deux roues et de voitures, d’offrir des transports à la demande et des aides financières à la mobilité (frais de carburant ou de réparation par exemple). Si ce dernier volet possède une enveloppe réduite, les 3 autres sont plus conséquents. Exemple en 2009 l’association a enregistré 5173 jours de location de véhicules (le tarif de location d’une voiture est de 29 euros la semaine exigeant une adhésion annuelle à l’association de 10 euros). 697 courses de taxi ont été déclenchées cette même année. Les résultats donnent à réfléchir puisque après utilisation d’un des services, plus de la moitié des adhérents sans emploi ont trouvé un employeur et pour les actifs, les contrats de travail en cdd et cdi ont progressé. Certes si les données semblent dérisoires à l’échelle d’une ville, ici dans un contexte de pénurie et de ruralité, ces chiffres prennent une autre valeur. En 2 ans d’existence l’association a dû concrétiser plusieurs partenariats pour assurer les services. Des partenariats techniques avec 11 artisans taxis, 10 garagistes, avec la SNCF et le réseau de bus du pays de la Bresse bourguignonne. Les partenariats financiers ont, quant à eux, été engagés auprès de la comcom, du département, de la région et de l’Etat.
N’ayant point de référence Internet, nous mettons en référence l’adresse électronique de l’association : mobilite.louhans@wanadoo.fr (Tél. 03 85 75 10 54)
Déviation
Thierry nous informe de l’existence d’une association qui édite un petit journal sur les savoir-faire des régions avec en prime à chaque région un livre récapitulatif. Le premier volume porte sur la Bourgogne et a pour titre « rencontres d’exception en Bourgogne « (une autre façon de voyager) Ce volume, comme ceux que l’association se promet d’éditer par la suite, donne à découvrir des maîtres d’art, les meilleurs ouvriers de France et des artisans d’exception. L’association s’appelle CVSF, Carnets de Voyage du Savoir-faire qui est aussi le nom de la collection. Dans le volume bourguignon figure entre autres parmi les portraits d’artistes et d’artisans, celui d’Alain Mignon et de sa compagnie de théâtre de rue Déviation basée à Corbigny dans la Nièvre. Déviation est un collectif d’une quinzaine de personnes qui créent et jouent sur des instruments extraordinaires, apparentés à des installations gigantesques de percussions. Par curiosité allez sur leur site pour vous rendre compte des dommages http://compagniedeviation.com
Quant aux carnets de voyage du savoir-faire, en attendant les prochaines publications, les premiers textes sont visibles et lisibles à www.patrimoine-humain.eu_
A ce qu'il Paray
Un petit détour par Paray le Monial, cité de 10000 habitants célèbre pour sa basilique de style clunisien et donc chef d’œuvre de l’art roman et surtout pour des apparitions du Christ qui en font un lieu de pèlerinage international (à ce sujet une bande annonce américaine insensée circule sur You tube. Elle annonçait le forum mondial des jeunes l’année dernière et elle a été fabriquée selon les modalités des films américains à gros budgets : « there’s a little place in Bourgogne » avec une musique héroïque qui fait presque passer la walkyrie pour un cri d’hirondelle, on s’attend à voir surgir Mel Gisbon en armure, tandis que des attroupements de jeunes se font devant l’autel de communion, c’est très intéressant en matière de com). Ça a quelque chose de Jésus super star. Donc à Paray le monial, existe le plus ancien musée d’art sacré de France. Le musée du Hiéron a été construit en 1890 et a été réhabilité en 2005. Son architecture vaut le détour à elle seule car elle a été conçue sur le même principe que le petit palais à Paris avec ce mélange de formes classiques et de matériaux très contemporains. D’ailleurs les expositions qui s’y tiennent sont elles –mêmes très contemporaines. En l’occurrence c’est depuis peu au tour de Jean-jacques Dournon d’exposer une quarantaine d’œuvres (peintures et fusains). Cet ancien prix de Rome qui expose aussi à Bâle et à Paris travaille autour des thèmes du mystère et de la révélation, ce qui justifie sa présence dans ce musée d’art sacré. L’adresse est www.musee-hieron.fr
L' Yonne
Des quatre départements de la région, l’Yonne est le seul à enregistrer une croissance démographique qui, sans casser le goulot d’une bouteille de Chablis, a permis à la population du département d’atteindre 345 000 habitants avec au centre de ce territoire rural, Auxerre, préfecture de 45 000 habitants et siège d’un étonnant et célèbre club de football en proportion de la taille de la ville. Au Nord, Sens sous-préfecture de 25 000 habitants et enfin Avallon au sud, seconde sous-préfecture qui culmine à 11 000 habitants. Pour traverser régulièrement un morceau de département en sortie d’autoroute du côté de Tonnerre, je ne me lasse pas des douces collines enneigées l’hiver où sommeille le vignoble et des étés plus secs qu’on ne l’imagine au moment où les moissons transforment les plateaux en balles de paille. Pendant la triste canicule de 2003, Auxerre brûlait à plus de 40° comme battue au fer rouge. Plaines au Nord, plateaux au sud, Gâtinais ondulant vers le bassin parisien à l’ouest et puis ce beau pays de Puisaye, Puisaye-Forterre pour être précis qui annonce au sud-ouest les bocages nivernais. Economiquement parlant, sur les 9000 entreprises enregistrées à la chambre de commerce et d’industrie de l’Yonne, ce sont le commerce et les services qui tiennent largement la tête devant l’industrie et la construction pour un total de 60 000 salariés
Télégrammes
Après l’étude de la flûte traversière, puis de la flûte peule au Sahara, suivi d’un long séjour au Niger où Michel Moglia découvre des danses rituelles de possession, il décide de remettre en question les fondamentaux de la musique occidentale. Il revient à un outil premier rarement associé à la musique : le feu. Il conçoit ensuite un instrument dont le feu serait le moteur principal d’exécution. L’Orgue à feu naît en 1989. Le principe simplissime à l’origine du fonctionnement de l’instrument est de faire circuler l’air dans des jeux de tubes, semblable aux tuyaux de grandes orgues, et à provoquer des sons et donc une musique. Vous ne me croirez peut-être pas, mais le résultat est entre le chant des baleines, le cri du loup et le souffle de la tempête dans les arbres. Un an plus tard, ce fou du feu réalisait un orgue géant conçu avec des tubes de pipeline en plein cœur de l’Oural. La performance qui s’en suivit consistait à détourner le feu d’une centrale thermique et à le transformer en musique. Le premier chant thermique était né et un concept de concert spectacle de grande envergure. Depuis cette date Michel Moglia trimballe ses quelques 200 tubes en inox, titane et en verre dans le monde entier et associe sa magie du feu aux orgues de cathédrale ou à l’orchestre symphonique du pays d’accueil. Son site vous donne à voir et à entendre par des vidéos des extraits des spectacles insolites du sculpteur sonore : www.orgue-a-feu.com
Les bistrots du maquis
Nous sommes toujours dans le département de l’Yonne à l’extrême nord de la région Bourgogne. D’ailleurs je me suis souvent les jours passés arrêté dans le sud du département, alors je vais rééquilibrer avec le nord et le pays qui jouxte le senonnais et donc la ville de Sens. Il s’agit du pays d’Othe, espace composé de collines boisées installées aux confins de l’Yonne et de l’Aube. Un pays de culture paysanne et de petits patelins comme le disait une ancienne chanson. Loin d’être une anecdote en pays d’Othe, Christine nous écrit depuis le village de Vareilles, 200 habitants, à 15 km à l’est de Sens. En avril 2006, Vareilles devait perdre son dernier point de ralliement, son dernier accord avec les autres. Bref son bistrot. Christine l’a sauvé in extremis en achetant le local. Baptisé le maquis de Vareilles, l’endroit fait figure de résistant à la désertification. Ouvert du vendredi au dimanche soir, parce qu’il faut bien vivre par ailleurs, le maquis de Vareilles est le lieu de tous les possibles. On y boit certes un bon café, mais l’endroit fait aussi brocante, épicerie de produits locaux et équitables, librairie, espace de débat et enfin salle de concert. Jazz, chanson et musiques du monde entre les tables de restaurant quand Christine a le temps encore d’aller en cuisine, le programme fait le plein et a créé une réelle dynamique sociale. Pour preuve une association des cafés de pays de l’Yonne s’est constituée. Supporté par l’Agence de développement touristique et la Chambre de commerce et d’industrie du département, ce réseau regroupe 10 bistrots restaurants qui, à l’instar du maquis de Vareilles, font leur petite révolution culturelle. L’idée qui est déjà en exercice dans d’autres régions de France, est un principe qui a déclenché une nouvelle économie locale digne de respect. Pour en avoir un avant-goût, je vous conseille de fréquenter le site www.cafedepays.org et pour remercier Christine et son maquis de la bonne nouvelle, le bistrot de Vareilles possède aussi sa fenêtre sur le Web à http://lemaquis.dyndns.org.
l'Yonne qui rugit
Une structure culturelle bien implantée sur le territoire s’appelle L’Yonne en scène. Cette structure de diffusion, de coproduction et de créations de spectacles jeune public dont le siège est à Auxerre, veut défendre les savoir-faire et les artistes de la région. Prestataire de service maintenant réputé, L’Yonne en scène a réalisé un guide annuaire de tous les professionnels du spectacle qui résident dans l’Yonne. Elle veut ainsi favoriser les échanges entre professionnels et faire connaître les porteurs de projets culturels. En parallèle, la structure abrite une compagnie dont le principe est de faire circuler ses créations partout en France « sans distinction » entre les scènes nationales et les foyers ruraux. www.lyonne-en-scene.com
Vézelay
S’il est un lieu que prisent tous les voyageurs qui prennent le temps de sortir des autoroutes, c’est bien Vézelay ; La colline éternelle qui affiche la plus grande fréquentation de la région avec environ 600 000 visiteurs par an. Pourtant Vézelay n’est qu’un village de 500 habitants perché sa colline qui culmine au maximum à 300mètres. Tout est né en contrebas à Saint-Père, au milieu du bocage verdoyant de la région. Un premier monastère de femmes y est implanté avant son transfert au sommet de la colline voisine mieux protégé des envahisseurs potentiels. Les normands en remontant vers le nord s’étaient attaqués au premier village de Saint-Père et ce bien avant que Marc Meneau y dirige une des meilleures tables de France. Ce sont des moines bénédictins qui investissent le monastère de Vézelay. Les reliques de Marie-Madeleine y sont transportées et le village devient un centre de pèlerinage au rayonnement considérable. La construction de l’abbatiale fera le reste. La réputation de Vézelay est telle que Bernard de Clairvaux y prêche la deuxième croisade et Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion y lancent la troisième. A la veille de la révolution, Vézelay perd tous ses privilèges et au siècle suivant l’éternelle colline n’est plus qu’une ombre qui s’efface petit à petit dans le lointain de la France profonde à l’image de sa basilique qui menace ruine. Viollet-le-Duc sauve l’édifice en 1840. Les rues pavés qui conduisent à la terrasse supérieure du village résonnent à nouveau au bruit des pas des visiteurs. Les hommes de lettres y couvent leurs manuscrits tandis que d’autres en font leur dernière résidence. Romain Rolland y décède en 1944, Georges Bataille choisit d’y être inhumé en 1962 et Jules Roy y vivra jusqu’à son décès en 2000. Les pionniers du journalisme moderne et de l’ORTF font de Vézelay leur laboratoire à l’image de Max-Pol Fouchet. Rostropovitch joue Bach dans la nef de la basilique, Gainsbourg vient chercher une dernière flamme de vie peu de temps avant de disparaître. Une nouvelle aura plane sur le village. Allez-y et vous comprendrez facilement pourquoi ce bout du monde séduit tant de monde. Un dernier mot sur le lieu avec une association culturelle sur la Colline qui s’active depuis 20 ans. Il s’agit de Convergences associé à une librairie taillée dans la pierre, l’Or des étoiles qui organise des conférences, des séminaires et des visites. Le site de la librairie atypique est à www.or-des-etoiles.com.
Universi-terre
Nous demeurons dans le même pays de Puisaye-Forterre grâce à Jean-Luc Minier, professeur de droit privé à Lyon 3 mais surtout enfant de ce pays icaunais. Jean-Luc et d’autres enseignants ont décidé en accord avec l’université de Bourgogne de créer en décembre 2004 une université pour tous. Même si je n’ai rien contre le principe, il ne s’agit pas de séances de projection du type connaissance du monde pour les cheveux blancs qui s’ennuient. Ici de vrais cours sont dispensés par des professeurs d’université, des séminaires sont instaurés dans le prolongement avec un total sérieux de suivi et d’approfondissement. Pas de diplômes requis, pas de catégorie d’âge préférentiel, tout le monde peut s’inscrire gratuitement à cette Université pour tous de Puisaye-Forterre. L’intérêt supplémentaire des séminaires est que ceux-ci entrent dans des problématiques liées à ce territoire. 3 axes sont retenus sur l’année et appliqués par un comité de recherche : l’histoire et l’identité de ce pays, les relations entre développement durable et développement local et enfin la connaissance de la société. Basée à Saint-Fargeau, on aurait pu trouver pire comme cadre.
L’adresse de l’université pour tous est http://utpf.net
Photographe de l'Icaunais (Icône)
S’il y a une personnalité à rencontrer dans notre département, c’est bien Michel Robert, sorte d’Indiana Jones local, comme l’écrit Lionel, un des nos correspondants. Ornithologue, naturaliste, mycologue et surtout photographe animalier, Michel est un enfant du pays conscient des enjeux d’avenir qui pèse sur des espaces naturels économiquement faibles comme le sien dans cette moitié sud de l’Yonne. Ici pas d’agriculture intensive, de moins en moins d’élevages, mais une gestion du bois qui passe par une trop grande exploitation des forêts qui font la richesse de cette niche écologique. Michel Robert fait partie de ces quelques observateurs alarmés par la transformation de l’espace naturel. Il le connaît bien pour y consacrer des livres. Michel Robert fait partie des indispensables Noé parce qu’il s’est investi sans compter dans la vie associative pour enrayer l’hémorragie et parce qu’il valorise la beauté mais aussi la fragilité du vivant ». Restent des images de notre aventurier icaunais, celles qui ont accompagné ses escapades depuis son enfance, le long des rivières de l’Yonne, de la Cure ou du Cousin, un nom qui a l’avantage de nous faire partager un peu de sa famille. Le blog de Michel Robert est à savourer à http://la-pie-bavarde.over-blog.com