Carnets de Bretagne (2)
Finistère
La Bretagne suite et pas fin, loin de là, avec des éclairages sur le département du Finistère. La fin de terre. L’ultime bras continental européen. La Mer d’Iroise, parfois sauvage et traître lorsqu’elle est battue par les vents. Les cendres de Gabin s’y sont répandues et Yann Tiersen la chante souvent sinon toujours. On le comprend. La capitale départementale au cœur de la Cornouaille avec Quimper et des villes adjointes qui ont absorbé l’essentiel de la population à l’image de Brest puis Morlaix et plus modestement Chateaulin. Sa côte est hachée et envoûtante submergée par les légendes dont le terme est inscrit dans le littoral extrême entre Ouessant et la pointe du Raz. Le Finistère est un des départements français les plus peuplés, le dernier recensement lui accordant près de 900 000 habitants soit 132 habitants au kilomètre carré. Historiquement ancré (c’est l’expression employé par le Conseil Général) dans l’agriculture, l’agroalimentaire et la pêche, le département tente de tirer son épingle du jeu adapté à sa réalité géographique à savoir par le tourisme et l’industrie nautique. Il n’empêche que les trois principales filières engrangent l’essentiel des emplois. L’industrie agroalimentaire et l’agriculture représentent 41% des emplois salariés du département. Le département est au troisième rang national en productions animales. Sans parler d’orgueil, on ressent toutefois une évidente fierté à appartenir à cette vieille terre.
Echos d'économie
Le Finistère, territoire encore fortement agricole puisque cette activité recouvre les 2 tiers de la superficie du département. On y dénombre environ 11000 exploitations agricoles qui emploient approximativement 26 000 personnes et une bonne majorité tirent leurs ressources des productions animales. Malgré la crise engendrée par le prix des carburants, la pêche représente toujours un secteur d’activités important, mais c’est du côté des nouvelles technologies et de l’innovation que je souhaitais attirer votre attention. La semaine de l’innovation en Bretagne qui s’est tenue en juin dernier a donné à voir l’exemple d’entreprises performantes et inventives. Un site vous en donne le menu détail, vidéos à l’appui, à www.innovons.fr. je prends pour exemple cet entreprise des côtes d’Armor, Ecocéane qui met au point des bateaux employés au nettoyage des plans d’eau. Le premier est baptisé cataglop, petit bateau qui absorbe déchets solides mais aussi liquides en surface, le second, le catamar, est une version de précédent plus sophistiquée et plus conséquente, 18 mètres de long, et destinée à éponger les marées noires. Les résultats sur une maquette au un dixième sont très concluants et les résultats enregistrés par la société sont du même tonneau (si vous me passez l’expression) puisque Ecocéane emploie 23 personnes et 90% de son chiffre d’affaire dépend de l’exportation. Pas mieux pour cet artisan brasseur de Trégunc dans le Finistère qui avec Britt est devenu en 7 ans le premier brasseur artisanal français/ Jean-François Istin, à l’origine de cette aventure, enregistre un chiffre d’affaires de 3, 2millions d’euros, emploie désormais 27 personnes. Pillouer, directeur du TNB.
Lepaysanducoin.fr est un site de vente directe de produits agricoles dans Finistère. Martin, qui est lui-même producteur de viande bovine dans les montagnes noires, est un des initiateurs de ce site qui répond à la question qui vend quoi près de chez moi. Une carte départementale s’affiche avec tous les exploitants et producteurs correspondants. A vous ensuite de constituer votre panier virtuel et avis aux agriculteurs qui peuvent se brancher directement sur ce réseau et non seulement mettre ses produits en ligne mais aussi expliquer ses propres méthodes de production. La lecture est claire, simple et les tarifs affichés sont évidemment complètement attractifs avec une moyenne inférieure au prix normal de 30 à 40%. On peut aussi se fournir au détail. On y trouve également des légumes et on peut même se procurer du bois de chauffage parce que l’hiver sera, peut-être, rigoureux….. www.lepaysanducoin.fr
J’ai trouvé l’information intéressante et originale et je n’attends pas la journée internationale de la femme pour vous la confier : il existe en Bretagne un réseau de femmes entrepreneurs qui s’entraident et accompagnent les nouvelles adhérentes à créer leur entreprise. Créée en 2008 cette structure a permis à plus de 100 entreprises de voir le jour nous dit Delphine. Camille témoigne que par ce réseau solidaire, elle pu donner vie à Paysages vivants, entreprise de création de jardins écologiques. Claudie reconnaît qu’après un licenciement sec, elle a pu avancer un projet grâce à ces femmes depuis le siège de l’association à Daoulas. www.entreprendre-au-feminin.net
Finistère solidaire
Deux premiers exemples d’initiatives solidaires : d’abord l’association « bien vieillir ensemble » créée en 2004 à Quimper et dont le souhait était de défendre, aider et garantir les conditions de vie des personnes âgées des maisons de retraite. Depuis l’association a intégré aussi les personnes fragilisées vivant à leur domicile et s’est étendue en fédération nationale, la FNAPAEF, Fédération Nationale des Associations de personnes Agées et de leurs Familles. C’est depuis le Finistère par l’intermédiaire de Joëlle le Gall que s’est constituée cette fédération qui regroupe 29 associations différentes. Sans nulle doute la tragédie de l’été 2003 a été à l’origine de la création de ce réseau qui se bat sur tous les fronts pour faire respecter la « Charte des droits et libertés de la personne âgée dépendante », charte établie en 1996 et comme on le constate, peu suivie à certaines périodes. La fédération intervient auprès des professionnels et des pouvoirs publics concernés et peut procéder à des signalements auprès des autorités médico-sanitaires. www.fnapaef.fr
La citoyenneté ensuite avec l’association « les productions Préparons demain » sise à Carhaix et composés de particuliers, de parents essentiellement, et de professionnels de l’enfance. Les deux ont décidé de prendre en main les grandes questions de l’éducation et de la parentalité et de les aborder par le film. L’association réalise et produit des films à visée pédagogique dont la durée s’échelonne de 15 à 30 minutes. Tous les moyens sont bons pour informer et éveiller des questions et il faut reconnaître que celui-ci est franchement original.
www.lesproductionspreparonsdemain.com Les films sont proposés à la vente en DVD, afin de financer la réalisation des suivants.
J’ai bien aimé le courrier de Pierre. Au chômage depuis août 2010, auto-entrepreneur, auto-financé, Pierre a monté seul son projet, les pieds dans l’eau au fond de la rade de Brest (la formule vient de lui). Pierre a donc créé un nouveau réseau social, encore un, sauf que celui-ci se consacre à une amitié vraie, en tout cas à ce qui peut le devenir puisque l’essence de jsuissympa .com (c’est le nom de son réseau) est d’offrir gratuitement des services ou de les rechercher sur cette nouvelle toile. Son argumentaire s’entend facilement : ‘malgré ou à cause de la prolifération des réseaux et la multiplication de nos « amis », je constate que nous nous trouvons souvent isolés’. On peut avoir des amis sur le Net et oublier de saluer son voisin de pallier. Pierre n’a pas tort. Sa devise : tout le monde a des besoins et tout le monde peut rendre service. Etre membre c’est s’engager par une charte à être sympa. Pierre rêve par sa petite entreprise de pouvoir créer des emplois en généralisant ce principe de services réels par et pour des amis qui le deviendront peut-être effectivement.
Culture encore et tant mieux
Un mot sur l’association créée par Eric Thomas dans le Finistère sud, à Clohars Carnoët. Nous sommes à 8km au sud de Quimperlé, lieu de naissance de l’association LAMA, Les Autres Musiques Aujourd’hui. Le principe est de supporter de nouvelles musiques rares auprès du plus large public en produisant les concerts dans tous les lieux où la musique peut se faire entendre et si possibles des lieux insolites. Ça donne une violoncelliste, Noémie Boutin, dans un ancien supermarché ou « les chevals » (c’est leur nom avec faute d’orthographe voulue et même souhaitée), fanfare dada, dans le port de Doëlan ou encore cette chose inédite qui s’appelle « la soustraction des fleurs » (violons, voix, zarb) dans un hangar à bateaux en service. Yves qui nous a envoyé un long plaidoyer en faveur de ces iconoclastes dirigés par le sus-dejà nommé Eric Thomas qui oblige « de pauvres hères à devenir bénévoles et d’autres à devenir des spectateurs fidèles ». A chaque soirée de concert se déroule en parallèle une exposition de travaux d’artistes sans oublier un espace restauration bonne franquette. Comme la lettre était sympa, les réalisations dans ce bel espace qui laisse apparaître au loin les îles de Glénan, sont plutôt innovantes, je vous donne le lien www.lelama.fr
Si on longe le littoral jusqu’à Penmarc’h, ont peut croiser régulièrement des écrivains auteurs de polars, puisque c’est devenu presque une tradition que le noir vienne jeter son encre sur cette pointe de terre. Tout au long de l’année l’association « Le goéland masqué » (ça me rappelle le concombre masqué de Mandryka) invite auteurs de polars ou auteurs de BD (on y arrive) à des rencontres au bistrot, à l’école voire en maison de retraite. Et puis surtout ce goéland bizarre organise un salon du roman et de la Bd noire chaque année à la mi juin. Enfin la même association instaure des résidences d’auteurs à Ouessant. Le blog regorge d’informations à cette adresse http://goelandmasque.free.fr/
Ils méritent au minimum un coup de pouce et pour notre part un coup de projecteur. « Ils », ce sont les bénévoles de l’Aprèm Jazz à Quimper. Cette structure créée en 2001 a eu la bonne idée d’investir la ville en après-midi musicaux de très bonne qualité, libres d’accès pour la plupart des rendez-vous. Structure unique en son genre en Bretagne, le principe est d’organiser une quinzaine de concerts par hiver en accueillant autant de musiciens locaux que de musiciens français et étrangers. L’essentiel repose sur la proximité des échanges entre public et musiciens. La finalité du travail mené par cette petite équipe quimpéroise est de voir construire prochainement une salle dévolue aux spectacles vivants sur Quimper. www.apremjazz.com.
Un coup de chapeau à des animateurs et -trices quimpérois qui font un énorme travail pédagogique, inventif (mieux que récréatif) et culturel en région de Quimper. Leur compagnie s’appelle le Très tôt théâtre, entendez qui commence tôt puisque l’essentiel des missions du groupe se porte vers l’enfance. Missionné depuis 2000 par le conseil général, nos correspondants animent et coordonnent un réseau départemental jeune public dans un souci d’aménagement du territoire. Le principe est non pas d’organiser des spectacles à la place des professionnels locaux mais de structurer la dynamique présente en la soutenant et en l’accompagnant. Soutien, administratif, soutien technique (prêt de matériel, conseils d’aménagement des salles) conseils sur les programmations, formation de personnes relais sur le terrain, bref une logistique complète qui permet au réseau de fonctionner toute l’année et non seulement pendant les vacances scolaires avec une pointe en novembre-décembre par un festival Théâtre « A Tout Age ». L’équipe met au point des résidences d’artistes et entretient le relationnel avec 60 structures du Finistère, élus, associations de développement local ou employés communaux.
Le site alléchant du groupe est à www.tres-tot-theatre.com