Carnets de Champagne-Ardenne (3)
HAUTE-MARNE
Peu ou mal connu, ce territoire qui connaît une très faible densité de population conserve par voie de conséquence un cadre naturel authentique. Nous sommes dans un des départements les plus boisés de France. 245 000 hectares de feuillus pour la plupart des espaces boisés avec une économie qui dépend encore en partie de ce patrimoine. Qui dit faible densité d’habitants, dit espaces agricoles et, là encore, agriculture et agro-alimentaire jouent un rôle conséquent dans l’économie locale. Restent quelques traditions persistantes à l’image de la Fonderie avec cette particularité que les fameuses entrées du métro parisien dans le style art nouveau ont toutes été crées en Haute-Marne. Mais revenons à l’actualité de ce département qui, tente logiquement, de jouer un rôle de pointe (encore discret) avec le Pôle technologique de Haute-Champagne dans le bassin nogentais au sud de Chaumont. Chaumont, capitale locale avec langres au sud du département et Saint-Dizier au Nord. Nous allons comme toujours rencontrer cette semaine les acteurs locaux afin de sortir des grandes catégories de la modernité selon le site du département. Ce dernier donne en effet en exemple le mémorial Charles De Gaulle ouvert en octobre 2008 et le parc d’activités de Damblain-Breuvannes. Ce dernier promet la création de 1500 emplois.
ECONOMIE
Langres avance depuis quelques temps sa candidature au patrimoine mondial de l’Unesco. Je ne sais pas si l’acte aurait ravi Denis Diderot, l’enfant du pays dont la statue surveille les passants du centre ville, puisque le philosophe prit soin de quitter les lieux et le giron familial pour tenter sa chance à Paris. Il n’empêche que la ville mérite le détour. Le patrimoine peut animer des espoirs, mais c’est encore l’économie qui préoccupe les décideurs du département. C’est ainsi que depuis 2008 la Cci (chambre de commerce et d’industrie) et les chambres de métiers et d’agriculture font la promotion de la création et de la reprise d’entreprise Dizier. www.creezenhautemarne.com.
Le même type de dispositif est mis en place à l’échelle régionale sous le nom de génération entreprendre. A cet endroit on parle d’esprit d’entreprise, de sens de l’initiative, de réussite et de diversité (on a le droit de rêver). Le site d’information est à www.generationentreprendre.com. (Evitez le trait d’union entre les deux sinon vous arrivez aux pages de la région PACA).
Signalons une action importante lancée depuis 2002 afin de revitaliser le tissu économique local avec l’association du Pôle technologique de Nogent, APTN. Initié par le Conseil général et des partenaires institutionnels tels l’université technologique de Troyes, l’APTN voulait améliorer l’attractivité du territoire et profiter d’un secteur de nouvelles techniques déjà implanté sur le territoire avec le CRITT, centre régional d’innovation et de transfert de technologies. Autre atout était la présence d’une association, Nogentech, qui réunit 65 entreprises du bassin de Nogent et fournit de l’emploi à 1800 personnes. Le Pôle fait l’assemblage de toutes ses données. Aujorud’hui le chantier de construction d’un site en dur avec un pôle d’accueil est en route. Coût total de l’opération en immobilier en moyens technologiques, 19 millions d’euros. Entre un secteur administratif, des laboratoires, une halle industrielle et une pépinière d’entreprises, le site devrait devenir le centre économique principal de la région au cœur du triangle St Dizier, Chaumont, Langres. Soutenu par un ministre de l’industrie élu haut-marnais de Chaumont, Luc Chatel, ça facilite en ce moment les démarches. Faut en profiter quand on peut, c’est le principe du jeu politique, d’autant que celui-ci prévoit un groupement d’entreprises spécialisés en matériel chirurgical de pointe et en prothèses. Déjà présente à Chaumont, le développement de cette filière au sein du pôle technologique pourrait faire du bien à l’économie locale. Le site du pôle est à www.poletechno52.com.
FORMATION
Il existe en Haute-Marne une école nationale unique en son genre. Pauline est une des étudiantes, qui comme tous ceux qui viennent des six coins de la France ( je dis 6 parce que nous sommes dans un hexagone), vient de faire sa rentrée à l’école nationale d’osiériculture et de vannerie de Fayl-Billot.. Comme elle l’écrit très bien s’il y a transmission de savoirs traditionnels, il y a aussi une ouverture sur les nouvelles techniques ( comme l’architecture végétale, ou la dépollution des sols ). Le lycée agricole attenant, écrit encore Pauline, a développé une filière écologie qui lui a permis de recevoir le label de éco-école. Résultat, les élèves qui sont en maraîchage bio produisent des légumes et des fruits qui arrivent ensuite sur les tables de la cantine. L’adresse de l’école est www.ecole-nationale-de-vannerie.com.
Le tissu associatif ne cesse de grandir et de créer aussi des emplois. Les économistes qui jonglent encore avec les PIB vous diraient que cette économie associative représente en ce moment un dizième du PIB. Qu’il s’agisse du bénévolat ou du salariat, le milieu associatif exige aussi des compétences précises en fonction des secteurs d’activités. C’est pourquoi la ligue de l’enseignement de la Haute-Marne élabore un programme conséquent de formation des acteurs de la vie associative. Chacun peut envisager un parcours de formation personnalisé dans le cadre du Certificat de Formation à gestion Associative. www.ligue52.org
....ET SOLIDARITE
Tout n’est pas simple du côté de nos départements et en particulier de la Haute-Marne. Exemple l’excellent festival international de l’affiche et du graphisme de Chaumont a bien des soucis pour pérenniser son rendez-vous comme cela ressort du journal de Haute-Marne. Le sud de la Haute-Marne fait face lui aussi à des soucis de développement. C’est pourquoi s’est constituée l’ADECAPLAN, Association de Développement des Cantons du Plateau de Langres afin de toucher 50 communes représentant 7500 habitants en axant ses objectifs sur le tourisme, la culture et le cadre de vie. Depuis 93, date de création de l’Adecaplan, 3 festivals ont vu le jour, des aménagements de plan d’eau ont été réalisés et des actions menées en matière de logement avec la remise sur le marché d’une centaine de logements nouveaux. Par ailleurs une opération dénommée ORAC destinée à la restructuration de l’artisanat et du commerce a permis de remettre aux normes plusieurs commerces. Je retiens parmi les acteurs pertinents de ce sud haut-marnais, « la régie rurale du plateau » née des brigades vertes et qui accueille les personne en difficulté d’intégration en les orientant vers des activités d’entretien d’espaces verts des collectivités ou vers du maraîchage et la vente des produits de l’agriculture biologique. Cette régie est implantée dans le village de Vaillant à 20 mn au sud de Langres possède un jardin de un hectare et demi qui fait partie du réseau des jardins de Cocagne. Le seul souci pour les surfeurs invétérés que vous êtes en grande partie, la régie ne possède pas de site mais une adresse électronique à regie.rurale@wanadoo.fr. et sinon l’Adecaplan et ses ramifications apparaissent sur le site de la communauté de communes de Prauthoy à www.ccpm-prauthoy.org.
Du patrimoine naturel au patrimoine historique
Officiellement annoncé en juillet 2009, la Haute-Marne du sud partage avec la Côte d’Or du Nord un nouveau parc naturel national. 80 000 hectares de feuillus sont au cœur de ce territoire entre Bourgogne et Champagne. C’est dans ce cadre que le département avance depuis plusieurs années un projet qui devrait enfin voir le jour sous le nom d’Animal-Explora. Implanté sur le site du Parc aux daims à Châteauvillain, l’ensemble comprendra un parc animalier (mettant en valeur la faune sauvage de la forêt, même si un espace bisons est prévu. Connaissant assez bien cette région je vous confirme qu’il n’y a plus de bisons depuis belle lurette), un centre aquatique, un centre de loisirs et d’affaires et une résidence de 120 logements à vocation touristique. Les projections en 3D du site font apparaître des constructions en matériaux naturels qui semblent s’intégrer à l’espace paysager. Reste que le département assume la maitrise d’ouvrage des équipements pour un montant HT qui affiche 30 millions d’euros. Je vous laisse juger de l’opportunité de cet investissement en sachant toutefois qu’il correspond à un des rares vecteurs d’existence économique locale. Le site d’Animal explora devrait ouvrir en mai 2013.
le Grand Jardin de Joinville, réé à la Renaissance par le premier duc de Guise, est un superbe témoignage de l’art du XVIème siècle. Devenu centre culturel de rencontre, le Grand Jardin programme toute l’année des concerts, des expositions ; des conférences et de multiples événements. Le Frac de Champagne-Ardenne investit parfois ce jardin. L’histoire des centres culturels de rencontres qui sont très nombreux partout en France, le principe est de faire la synthèse entre un monument ayant perdu sa fonction originelle et un projet intellectuel et artistique qui assure sa réhabilitation. C’est le cas à Joinville avec ce jardin et son château renaissance et ce n’est pas un hasard si le calendrier des rendez-vous est de haute tenue. Vérifiez par vous-même à www.legrandjardin.com.
J’éprouve un intérêt sensiblement limité pour les reconstitutions historiques version grand spectacle que certains collectifs locaux mettent sur pied. On peut certes saluer l’effort, mais beaucoup moins la lecture très approximative de l’histoire. Fumigène et écran de fumée sur des événements confus qui ne prêtent pas au carton pâte. Je n’éprouve pas plus de passion pour le jugement du Christ porte Maillot ou un combat de gladiateurs sous les paniers de bsaket d’une salle polyvalente. C’est pourquoi vous n’entendrez pas détaillé le travail des petits mains qui confectionnent la robe d’une Cléopâtre départementale. C’est un choix éditorial. En revanche, ce que réalise l’association histoire et patrimoine à Vignory est d’un autre acabit. Ici pas de Robert Hossein en herbe mais des artistes de rue qui se mêlent aux animateurs de l’association et aux historiens des lieux. Vignory c’est entre autre un château féodal, une église romane, un jardin médiéval, un musée et des demeures historiques pour lesquels l’association assure des chantiers de restauration et chaque année des chantiers de jeunes. Et puis ce sont aussi des manifestions dans le cadre des journées du patrimoine et du rendez-vous des Médiévales. Le cadre s’y prête complètement. Vous trouverez le compte –rendu des dernières médiévales qui ont eu lieu fin mai à www.patrimoine-vignory.fr
...En passant par la truffe
Tout le monde connaît la truffe noire du Périgord, la célèbre qui fait la fortune, toute proportion gardée, des producteurs, mais il existe d’autres variétés moins connues dont la truffe dite d’automne qui résiste davantage aux basses températures de l’est de la France. C’est autour de cet or noir des forêts champardennaises qu’est née l’association pour le développement de la production et de la promotion de la truffe de Haute-Marne (c’est plus simple à dire sous la forme suivante d’ADT52). Mais au-delà de la simple anecdote, l’association prétend à l’émergence d’une filière professionnelle trufficole en Haute-Marne. ADT52 a d’ailleurs son siège au CFPPA de Chaumont (centre de formation professionnelle et de promotion agricole). Ce centre est franchement pertinent, puisqu’il former, anime le territoire, participe activement à l’insertion professionnelle et expérimente de nouveaux secteurs d’activités. La trufficulture en fait partie. Il s’est équipé pour cela de formateurs, de matériel qu’il met à disposition des candidats et possède une truffière d’un hectare et demie. (Il est plus louable à mon sens de sonder le sol pour dénicher ces perles que de braquer notre environnement pour en extraire du gaz de schiste.). Au passage la principale truffe du nord-est est appelée tuber uncinatum (son enveloppe est noire comme la melanosporum du Périgord, mais sa chaire est couleur chocolat et dégage un arôme de noisette qui encense un bon plat de pâtes.) www.adt52.fr
CULTURE
La culture n’est pas exclusivement synonyme de loisir, d’agrément ou d’accompagnement de nos heures de liberté, mais elle mobilise, anime les lieux et joue un rôle attractif avec des effets économiques indiscutables. La Haute-Marne est extrêmement intéressante pour cela. Nous en avons donné quelques exemples depuis lundi, mais j’ajoute aujourd’hui le rôle décisif que joue l’association Arts Vivants 52. Née timidement en 87, arts Vivants 52 assure l’éducation aux arts, l’enseignement spécialisé, la diffusion et la création de ce tout qui relève de la danse, de la musique et du théâtre sur l’ensemble du département. L’association fédère de nombreux artistes de pointe et des structures devenues indispensables. Une illustration avec le Château de Faverolles, lieu champêtre et idéal qui abrite des studios de répétition et d’enregistrement. Propriété d’un ingénieur du son, les studios affichent une longue liste de prestations au bénéfice des musiciens de la région et d’ailleurs. Laurie Anderson, Fémi Kuti ou Fred Frith ont enregistré dans ce petit paradis haut-marnais. www.chateaudefaverolles.com.
Anne-Laure Lemaire de son côté pousse son théâtre contemporain avec le soutien de l’association arts vivants 52. Sa compagnie Nie Wiem (je ne sais pas en polonais) est basée à Langres et anime des groupes de travail dans plusieurs villes du département en dehors de ses créations propres : http://nw-theatre.over-blog.org/
Deux autoroutes, l’A5 vers Troyes et l’A31 vers Metz traversent le département sans pour autant favoriser une plus grande fréquentation des lieux. Parfois il faut se méfier des grandes voies de communication qui ne servent qu’à fabriquer du passage et seulement du passage. De Saint-Dizier au Nord à Langres au sud et Chaumont au quasi centre du territoire, faites donc des sorties d’autoroute, amis voyageurs et prenez les départementales de la liberté retrouvée. Allez sur les traces de Diderot, de Voltaire ou du général évidemment, ou encore de Louise Michel. D’ailleurs à propos des natifs du lieu figure un autre Michel Albin de son prénom, né à Bourmont en 1873 et créateur des éditions Albin Michel en …..1900. Parmi les micros initiatives je retiens celle de la géniale association du Chien à Plumes et de sa salle multiculturelle, La niche, située dans le village de Dommarien, qui porte un nom évocateur. Il n’a en effet que 80 habitants mais la niche installée dans une maison éclusière au bord du canal de la Marne et qui offre 400 places, est un lieu extraordinaire de concerts, d’expositions et de résidence de musiciens. L’association a cumulé les prix, celui de la fondation crédit coopératif pour son initiative d’économie sociale, le prix Gauby Lagauche pour ses emplois créés, celui de la Fondation de la Macif. L’association a créé également un festival « le chien à plumes en maillot de bain », qui a lieu l’été comme le nom l’indique ( l’hiver je leur conseille le festival du chien au ski ou husky). 12000 personnes pendant les 3 jours de l’événement viennent écouter des Thiéfaine, Goran Bregovic, Dionysos, Arno et autres Tiken Jah Fakoly. Bref la bande des 200 bénévoles et quelques salariés à l’origine de tout cela fait des merveilles. Ils soutiennent aussi notre groupe des Tournelune et leur phénoménal Track’Tour, tournée rock en tracteur. L’adresse de ces inventifs haut-marnais est
Philippe nous conseillait dans son courrier de jeter un œil et éventuellement les deux sur un éditeur installé en Haute-Marne et leader mondial du livre sur les vaches. Diantre. Sans boire du petit lait, j’ai voulu en savoir plus. L’éditeur vache est donc Castor et Pollux qui voit plus loin encore que son museau. Je cite « c’est une maison d’édition un peu comme une maison de campagne. Où les animaux et les paysages sont tirés de ses livres. La nature s’y confond avec leur s pages, toutes fenêtres qu’ouvrent les photographes, que racontent les écrivains ». Bref ce serait un croisement de l’art, la photo et la manière, l’écriture, ou l’inverse si vous préférez. Créé par Valérie Sarrey et Philippe Nolot, Philippe qui n’est autre que notre correspondant, Castor et Pollux est à l’image de ce duo qui a trouvé l’inspiration de ces éditions en parcourant les expositions. D’où le résultat des publications en beaux livres avec plusieurs collections comme ‘portraits’ et le petit bestiaire et comme je disais que ces éditeurs voyaient au-delà du museau des bonnes vaches, parmi les derniers titres vous trouverez un étonnant « voyage en Arbonie » de Jehan de Villiers. L’Arbonie terre d’imagination et d’invention presque de légende et résultat de sculptures naturelles de l’auteur. Un ouvrage des parcs et jardins en Champagne Ardenne répondra à la curiosité des lecteurs de la région et donc pour ne pas décevoir les amateurs de vaches, Castor et Pollux tient son best seller avec ‘ fous de vaches’ dans lequel 70 passionnés se sont régalés autour des belles ruminantes. Les autres titres relèvent d’une belle originalité de choix qui va du peuple Surma à un imagier des ponts en Europe. Le site de l’éditeur qui siège à Chaumont est www.castor-et-pollux.com.
MARNE
Nous demeurons en région Champagne Ardenne, mais cette fois nous résidons dans le département de la Marne, « Le » département du Champagne, puisqu’avec ses 23 000 hectares de vignoble, ce département représente 73% de l’ensemble de l’AOC Champagne soit l’expédition annuelle de quelques 300 millions de bouteilles. 30 000 emplois sont induits par la viticulture. C’est encore le même produit qui tire vers le haut une agriculture très conséquente sur ce territoire, une agriculture qui connaît un malaise très partagé en ce moment. En effet la Marne est éminemment rurale et agricole. Pour illustration, on parle de Surface agricole utilisée, SAU, et la Marne correspond à 35% de la SAU totale de la région. Cette même surface composée de 559 000 hectares place le département au premier rang national. Enfin plus de la moitié des exploitations agricoles et viticoles de la région se trouvent dans la Marne, soit 13800 exploitations dont 9800 sont à orientation viticole. Le vignoble s’étend principalement à l’ouest du département entre la brie champenoise au sud-Ouest et le Tardenois au nord-ouest. Au centre on parlera du plateau de la champagne crayeuse et au centre de ce centre d’une Champagne pouilleuse, non pas parce qu’elle est pauvre, mais parce cette craie est à fleur de peau, ou plutôt de terre. A l’est, la Forêt, l’Argonne, massif boisé dont le nom fait écho au bruit des canons qui ont inondé ces campagnes lors de la première guerre mondiale. Après le conflit, tout un pan de la marne se retrouva en zone rouge, réduite à néant et surtout incultivable et inexploitable. Contrairement au voisin ardennais, la Marne ne perd pas de population et entretient depuis 10 ans un même taux avec quelques 566 000 habitants dont 190 000 pour la seule ville de Reims alors que la Préfecture de Châlons-en-Champagne n’en compte que 46 000.
DES CULTURES QUI PETILLENT....
L’histoire est marquée du sceau d’une guerre féroce qui va engendrer plusieurs batailles inscrites en profondeur dans le conflit, deux batailles de la Marne en septembre 1914 et juillet 1918 et entre les deux, l’épouvantable chemin des Dames en 1917 qui pendant deux mois de bombardement et fusillade laissera de chaque côté de l’Aisne et donc dans chaque camp environ 200 000 soldats tués. L’armée coloniale perdra près de la moitié de ses effectifs avec 7000 tirailleurs sénégalais fauchés par la mitraille ennemie. La Marne, version moderne, exploite grandement le champ culturel avec bien sûr des festivals et événements ponctuels, mais aussi avec des établissements et structures très opérationnels. Je prends pour exemple les agitateurs et acteurs rémois dont la Cartonnerie, salle des musiques et cultures actuelles. La Cartonnerie, soit 4000 m2 d’espace sur 4 niveaux, avec deux salles de concerts (de 350 et 1200 places, un hall d’exposition, un espace multimédia, un centre d’information et 3 espaces restauration). Vrai village de la musique, la Cartonnerie rayonne avec cet équipement à 200km de distance et propose des outils de travail aux musiciens avec pas moins de 7 studios de répétition, un studio d’enregistrement. Annuellement la Cartonnerie, ce sont encore environ 80 concerts qui sont proposés aux publics de la région. Mieux encore, cette cartonnerie est un des 4 relais du réseau régional des musiques actuelles. Ce réseau baptisé Polca regroupe les principaux lieux qui soutiennent et accompagnent les porteurs de projets musicaux. Polca, comme bon nombre de ses homologues, assure des formations artistiques et possède un centre de ressources sur les musiques actuelles. Les trois autres relais outre la Cartonnerie de Reims sont la MJC Calonne de Sedan, L’Orange Bleue de Vitry le François et La Maison du boulanger à Troyes. www.polca.fr et www.cartonnerie.fr
En 1984 un certain nombre de radios associatives en région décidèrent de s’unir pour constituer une fédération : la FRACA., autrement dit la Fédération des Radios Associatives de Champagne-Ardenne. Le vœu d’origine, qui est toujours défendu de nos jours, était de mieux échanger les savoir-faire et de mieux organiser leur contenus et zones de diffusion. Les instigateurs de cette fédération étaient Reims Radio FM devenue aujourd’hui Radio Primitive, Radio des Poumons à Troyes (on ne manque pas d’humour) et radio Mau-Nau à Châlons-en Champagne. D’autres radios vont rapidement se greffer à ce noyau d’origine. Aujourd’hui la FRACA regroupe 19 radios associatives réparties sur l’ensemble de la Région. Le principe très louable est surtout la solidarité qui consiste à aider les antennes les plus fragiles. Des émissions sont mises en commun afin de proposer du contenu aux plus petites. Cette fédération soutient également les projets de créations de nouvelles radios et étend sa toile. L’ensemble couvre en effet 70% du territoire régional et touche 80% de sa population. Le site principal est à http://www.radiomaunau.com/fraca/
Champagne, encore et toujours, avec un étonnant édifice planté au milieu des vignes et construit en 1909 sur ma Montagne de Reims à Verzenay. Il était déjà question de communication pour le propriétaire de ce vignoble puisque cet édifice est ni plus ni moins qu’un phare. La chose peut étonner entre deux rangées de ceps. Abandonné pendant la première guerre, le phare des vignes a été sauvé par la communauté de communes Vesle-Montagne de Reims qui a ouvert en 1999 un écomusée de la vigne. Pour commémorer l’événement un belvédère a été ajouté au sommet du dit phare et la nuit, à l’instar de la Tour Eiffel, l’édifice scintille au milieu de ce terroir (au lieu de dire « scintille », je devrais dire « pétille »). Le site dédié à cet endroit improbable donne à entendre des légendes du phare écrites par Eric Poindron et lues par Robert Hossein. www.lepharedeverzenay.com.
Le parcours de Dominique Fradet n’est pas inintéressant, lui qui avant d’être créateur de ce qu’il appelle une édition artisanale, fut d’abord gestionnaire des revues professionnelles de la compagnie française d’éditions à Paris. Quand ce rémois reviendra sur ses terres, ce sera pour lancer un journal du vin, sorte de magazine d’informations croisées sur les viticultures de l’hexagone. 5 ans plus tard il resserre son champ d’expertise au seul Champagne avec le Journal du Champagne. Suivront ensuite les premiers livres genre beaux volumes fouillés avec mitraillage de documents et de photos. Et puis il y aura enfin le coup de cœur pour la Turquie et plus précisément pour le Kurdistan où il se rend régulièrement pour assimiler une langue et une culture. Des titres vont naître aux éditions en correspondance avec ces voyages. Dominique Fradet est entre autres l’éditeur pour la France de Hrant Dink « être arménien en Turquie », journaliste assassiné en 2007 et dont les funérailles à Istanbul avaient réuni plus de 100 000 personnes. (Dink avait crée un journal bilingue turc-arménien) (Les rapprochements culturels peuvent être dangereux). www.editionsfradet.com
Pour compléter la carte des espaces culturels ouverts dans le département de la Marne, je dois vous parler aussi de Césaré, centre national de création musicale créé en juillet 2006 et installée depuis peu dans les anciens docks reimois. Six centres de même type couvrent l’ensemble du territoire national et ils sont tous conventionnés et missionnés par le Ministère de la culture. Le centre de Reims, comme ses homologues, se consacre à la musique contemporaine et aux relations que celle-ci pourrait entretenir avec le public. C’est une sorte de laboratoire où les compositeurs viennent concevoir et réaliser leurs projets musicaux. Le centre garantit la diffusion des œuvres réalisées et leur conservation. C’est pour cette raison que Césaré est aussi éditeur discographique. Le catalogue du centre contient les derniers disques de Yann Paranthoën et Christian Zanési , de Lionel Marchetti et Olivier Capparos ou encore de Hugues Germain, autant de noms qui normalement à part exception ne doivent pas vous dire grand-chose, une bonne raison pour enrichir vos découvertes musicales. Pour les professionnels intéressés, Césaré dispose de beaux outils de travail comme un espace de développement informatique et numérique et 3 studios de création musicale et vidéo.