Carnets du Centre (2)
Indre et Loire
L’Indre-et-Loire hormis sa capitale administrative de Tours, est éminemment rural et grandement agricole et viticole. L’Indre et Loire, encore un nom figé dans les annales de l’administration alors qu’ici on parle plus simplement de Touraine et les habitants de ce territoire sont des tourangeaux et non des indro-ligériens comme on a tenté de le faire dire. La Touraine, donc, et Tours qui comptabilise à elle seule 140 000 habitants sur les 597 000 qui vivent dans le département. Tours, ses services dits de qualité et son université Rabelais n’ignore pas que son développement économique aurait pu être plus évident. Du coup on se tourne vers un patrimoine terrien et historique qui occupe l’essentiel de l’espace. Illustration avec le site du département qui propose en page d’accueil un petit questionnaire-sondage : Pour vous ce qui représente le mieux la Touraine, c’est
1) sa gastronomie 2) la Loire. 3) ses Châteaux 4) Ses vins. Tout est dit dans ce questionnaire.
Vignobles de Rouvray et de Chinon, terroirs de Bourgueil dont la maison des vins est installée dans la maison natale de Jean Carmet (le grand comédien et surtout fin amateur des vins de soif). Châteaux de Chenonceau, d’Amboise, d’Azay le Rideau, les jardins de Villandry, les forteresses de Chinon et de Loches.
Economie
La ville de Tours mise beaucoup sur les actions culturelles pour dynamiser ses espaces. Sur le site de la ville, je compte pas moins d’une quinzaine de festivals. Je retiens que l’autre versant économique du département est très dépendant de la production agricole et de l’essor de sa partie biologique qui se justifie par les rendez-vous en région du Printemps Bio autour des 6 principaux groupements d’agriculture biologique du département et de Bio centre, la vitrine de la filière bio en région centre. D’ailleurs si vous allez sur son site, www.bio-centre.org, vous trouverez de nombreuses informations, car cette agriculture fait de plus en plus d’adeptes avec une moyenne de 300 nouveaux producteurs bio chaque mois en 2009 (300 prod/par mois. Le calcul donne donc le nombre de 3600 producteurs supplémentaires sur l’année !!!). Ce résultat est un étrange écho à la situation toujours alarmante des autres agriculteurs embourbés pour certains dans des fossés de non rentabilité inquiétante. Pour preuve encore, si besoin est, cet article de la Nouvelle république du centre Ouest qui rappelle que parmi les bénéficiaires du RSA, Revenu de solidarité active, figurent de plus en plus de paysans. La Chambre d’agriculture d’Indre et Loire a reçu 80 demandes d’inscription. Toutefois, on souligne que par manque d’informations, potentiellement 500 à 600 agriculteurs sont concernés.
La Touraine, terre des initiatives voire des échanges internationaux comme l’atteste la géniale association Fioretti Solidarité basée à Richelieu. Aurélien a vraiment bien fait de nous adresser un courrier qui donne le ton des projets conçus par cette association culturelle qui dépend de l’ITEP, l’Institut Thérapeutique Educatif et Pédagogique de Chinon. L’institut accueille principalement des jeunes souffrant de troubles psychologiques et comportementaux et Fioretti Solidarité prolonge les « missions intégratives » de l’ITEP au profit des jeunes en grandes difficultés.Les membres du conseil d’administration de cette association sont des éducateurs et psychologues de l’institut. Les adhérents eux sont à 80% extérieurs à l’établissement. Or Fioretti Solidarité, depuis 2002, organise des missions dites intégratives au Burkina Faso. Quatre d’entre elles ont déjà conduit 55 jeunes en terre africaine. Je reviens au courrier d’Aurélien pour la suite de l’explication car ses mots sonnent justes : « les jeunes difficilement insérés dans notre société sont perçus différemment par les personnes qu’ils aident à l’étranger. Ils ne sont plus des cas ou des pathologies, mais des personnes sur lesquelles on peut compter. Sur place, dans la commune de Tenkodogo, où se déroulent les échanges, ces jeunes participent à différents chantiers : carrelage de dispensaire, peinture des murs d’école ou animations sociales et culturelles et depuis cette année, précise le même Aurélien, une activité agro-biologique avec la création d’un jardin. Le principe est de participer à l’auto-suffisance de cette commune. Le budget du voyage est couvert par les manifestations que l’association organise pendant les deux ans qui ont précédé le voyage et, Aurélien toujours, « les valeurs drainées par le projet sont nombreuses et les retombées se font sur tout l’établissement ». A vrai dire, je découvre cette structure tardivement. J’ai consulté son site et j’avoue sincèrement avoir été touché par la qualité de la démarche. En plus si vous appréciez la musique, chaque page en laisse échapper une. www.fiorettisolidarite.com
Culture
La ville de Tours possède un centre unique en France : le centre international de la Mélodie française. Cette association organise chaque année depuis plus de 10 ans l’Académie Francis Poulenc d’interprétation de la Mélodie. Le principe premier étant d’accueillir des stagiaires professionnels ou en voie de professionnalisation en provenance du monde entier durant les 15 jours d’académie. En parallèle l’académie propose des concerts et des expositions liées aux thématiques annuelles. Le principe dépasse donc le simple cadre des master classes en offrant des spectacles aux publics français et étrangers. Le reste de l’année, le centre met à disposition des chercheurs en musicologie et en arts de la scène, des musiciens, des chanteurs et des organisateurs de concerts un fond exceptionnel de documentation. Livres sur la mélodie française, disques dont beaucoup de raretés (le catalogue des grandes productions est assez pauvre en ce domaine), enregistrements vidéo de concerts et des documentaires, des ouvrages littéraires et poétiques et bien sûr une gamme très large de partitions. Mieux une encyclopédie musicale est accessible sur le Net et répertorie 15000 mélodies, romances et chansons françaises. www.melodiefrancaise.com
L’association la Touline, installée dans l’ancienne auberge du village d’Azay Sur Cher, gère une étrange salle de spectacle de 49 places aménagée dans un troglodyte. Depuis 4 ans une saison culturelle est programmée dans cet endroit plutôt inédit avec pour invités des artistes non claustrophobes comme Romain Bouteille, Xavier Couture et Didier Super. La petite équipe de la Touline songe à développer ses actions à l’air libre en aménageant une scène extérieur où elle poursuivra ses propositions de spectacles à très bas tarifs autour de la musique, du théâtre ou de la danse. Elle vient de s’embellir d’une sculpture monumentale réalisée par HL. Bergey, plasticien tourangeau. Le site de la Touline est à www.latouline37.com. Quant au plasticien fou de touraine, un site donne un aperçu de ses extravagances à http://h.l.bergey.free.fr/PagesFr/1.html
Il est un principe de plus en plus partagé, a fortiori lorsque l’on vit dans des zones rurales mal desservies, qui consiste à proposer des services mobiles ou itinérants. Le domaine de la culture ne s’en prive d’ailleurs pas dans notre département d’Indre et Loire avec de nombreuses initiatives telles que le Cinémobile. Il est facile de comprendre qu’il s’agit là de salles de ciné qui se déplacent dans les villages. Plus précisément ce cinémobile basé à Château-Renault a été mis au point par la région centre afin d’offrir des séances de cinéma aux communes éloignées de plus de 15 km d’une salle. Réalisés sur mesures, 3 semi-remorques alimentent 46 communes en projection de films. Ces salles tout terrain pour ainsi dire (en moins d’une heure, elles peuvent de déplier sur une place publique), ont une moyenne de 100 fauteuils avec un accès handicapés et sont toutes équipées sur le modèle des vraies salles ( Son THX, Projecteur numérique) et ont l’agrément du CNC (centre national du Cinéma). L’agence régionale du Centre pour le cinéma et l’audiovisuel donne moults détails sur son site avec une vidéo de présentation de ces salles mobiles : www.centreimages.fr
L’autre service itinérant est la « ferme bus’onnière », soit une ferme itinérante créée par Cédric Hallier qui va au-devant des enfants des écoles avec ses animaux et ses dossiers pédagogiques. A chaque arrêt, la ferme développe une série d’ateliers thématiques concernant les productions agricoles (le lait, l’œuf, les céréales, la laine). Le blog afférent est à http://la.ferme.busonniere.over-blog.com, il est très personnel à l’image de cette initiative qui correspond à la passion pour la ferme partagée par Cédric lui-même depuis sa plus tendre enfance.
Une étonnante association européenne dont l’antenne française est dans l’Indre et Loire : European House of arts : il s’agit d’un regroupement d’artistes et d’amateurs d’arts qui évoluent en associations liées les unes aux autres par un souci de dialogue culturel interactif. Le souhait tout à fait légitime est, je cite, « de constituer une identité européenne qui englobe à la fois l’identité nationale existante et la conscience européenne émergeante ». le terrain d’exercice de cette prise de conscience est celui de festivals partagés par chaque pays adhérents : France, Angleterre, Bosnie Herzégovine, Allemagne, Roumanie, Pologne, Autriche et Espagne. Ce réseau né en 2003 prend corps en Normandie lorsque des artistes de différentes provenances décidèrent de se retrouver chaque été pour partager leur savoir-faire. Ateliers arts plastiques, concerts, exposition ont commencé à mobiliser les énergies. Cette année un festival en tournée européenne a été conçu sous le nom de « Culture Trail ». Les sentiers culturels s’arrêtent aujourd’hui et demain à Mazières de Touraine : Au programme, des ateliers sculpture, musique, danse irlandaise, des tables rondes autour de l’art et l’Europe, des concerts (ex. musique renaissance avec un ensemble polonais) et du théâtre sont proposés gratuitement à tous les intéressés. www.europeanhouseofarts.org
Loiret
Le Loiret est organisé principalement autour de la ville principale d’Orléans et de la Loire, un fleuve qui entre à partir de Sully sur Loire donc bien en amont d’Orléans dans le patrimoine mondial de l’Unesco. Le Loiret est partagé en trois arrondissements, Orléans, Montargis et Pithiviers et 7 régions naturelles : le fameux Val de Loire classé, la Beauce au nord-ouest, la Forêt de l’orléanais au sud de cette Beauce et la Sologne plus bas. Alors que l’est du département se découpe du nord au sud en Gâtinais, Puisaye et Berry, autrement dit ce département propose une belle palette de paysages. Cet environnement naturel de qualité a sans doute participé à la vague montante d’initiatives écologiques et de production biologiques. A titre d’illustration, nos confrères de la République du centre révélaient dernièrement que L’agriculture bio fait un bon exemplaire dans ce département à hauteur de 20% en 2009 soit le double de la moyenne nationale et les conversions augmentent chez les agriculteurs conventionnels. Au syndicat du Gabor qui regroupe 85% des producteurs bio du Loiret, on a le sourire (pour une fois qu’une agriculture sourit, on en profite). Sur l’ensemble de la région centre, 93 dossiers de conversion ont été déposés l’année dernière au bureau du syndicat contre 41 demandes en 2008 et seulement 25 en 2007 ! En revanche les conversions ne s’entreprennent pas toujours facilement, des témoignages attestent entre autres d’un changement décisif sur le mode d’organisation. « En conventionnel, on peut comparer les prix avec le voisin, là on ne peut comparer avec personne. Il faut se créer un réseau ». D’autres témoignages portent sur les difficultés d’accès au foncier. Le même article mentionne un axe de distribution et de consommation du bio dans les cantines des lycées de la région. Une SCIC s’est créée à cet effet et prévoit de servir 1,5 million de repas bio par an dans les lycées d’ici trois ans. Toutes ces données à l’égard de l’agriculture bio doivent être lues à l’aune du pourcentage de surface utilisée : soit, dans le Loiret, 0,5% de la surface agricole utile. Je vous rappelle que le Grenelle de l’environnement a misé sur 6%. Nous en sommes encore loin.
Economie
Comme il est rare en ce moment d’établir des comparaisons et des bilans positifs, ce département va nous permettre de relativiser le mauvais état de l’économie et le manque de développement local. On commence par la démographie : avec 651000 habitants, le Loiret affiche une augmentation de population et un solde migratoire positif. Ensuite, même si l’économie locale a été touchée (les pros disent « impactée ») par la crise, il n’empêche que taux de chômage restait au dernier trimestre 2009 sensiblement inférieur à la moyenne nationale. Le tissu économique local est plutôt bien structuré avec des entreprises spécialisées dont certaines comme Faurecia, équipementier automobile, est pleine croissance. Ça pourra vous étonner, mais cette filiale de PSA, dont l’unité du Loiret se consacre aux sièges auto, et qui assure 800 emplois, annonce une hausse des ventes de 41% au premier trimestre 2010. L’ensemble des départements de Faurecia donne un chiffre d’affaires en hausse de 59,5% à 3,20 milliards d’euros. Cette santé presque insolente ne cache pas par endroits des hémorragies d’emplois (les marchés sont par définition cyniques). Autre illustration propre à ce territoire, l’imprimeur Maury sur le bassin économique de Pithiviers qui, avec 1100 salariés prend la quatrième position de l’imprimerie en France et donnait un chiffre d’affaires de 111 millions d’euros en 2008. Les autres points forts de l’industrie sont Hutchinson et EDF à Montargis. Ainsi la répartition active du Loiret se partage à 46% pour l’industrie et le BTP, 48% pour les services et 6% pour l’agriculture.
J’ai souri au titre que nos confrères de la République du centre ont trouvé pour parler du pass touristique qui a été créé afin de réunir les 19 sites classés du val de Loire sur un unique ticket de visite à prix bas : « les offices de tourisme sont des maisons de pass ». Il fallait oser. Ce qui m’a fait moins sourire est une note d’alerte sur la chute inquiétante de la démographie médicale. Le même journal fait en effet état de l’atlas de la population médicale réalisé par le conseil national de l’ordre des médecins. Le trio de tête de la plus forte baisse des médecins est constitué de la Picardie, la Bourgogne et donc la région Centre. Entre 2008 et 2009 le seul département du Loiret a enregistré une baisse de plus de 6% du nombre de médecins inscrits à l’ordre. Ici, comme dans d’autres départements prééminence rurale, le problème n’est pas tant le nombre de médecins et leur répartition que celui du renouvellement des futurs retraités de la médecine. Nos confrères du Parisien ouvraient d’ailleurs leur édition de mercredi dernier sur une projection des 15 années à venir qui va enregistrer la disparition de 30 000 généralistes. Et il ne fait aucun doute que les jeunes promus à la médecine préfèrent travailler en ville ou en zone péri-urbaine et se destinent pour la plupart à un exercice de leur métier en milieu hospitalier.
Culture
Serge Ceccaldi dirige une école de musique assez peu ordinaire depuis 24 ans à Orléans : Musique & Equilibre. Rien d’acrobatique mais plutôt un souci de marier musique et bien-être. Sans être attachée à la seule musicothérapie qu’elle pratique toutefois, cette école qui a la dimension d’un vrai conservatoire prodigue différentes sortes d’enseignement de la musique : cela commence par une formation sous forme de pédagogie active, autrement dit l’initiative de l’élève est prise en compte. Cela se poursuit par un travail d’animation auprès de publics variés (de la crèche au foyer pour personnes handicapées en passant par les maisons de retraite). C’est à ce niveau qu’interviennent des professionnels de musicothérapie et enfin une aide à la création qui passe par des salles et matériels d’enregistrement et un accompagnement des musiciens dans leurs projets artistiques. Les formations accueillent aussi des candidats à la professionnalisation à travers ce que cette école appelle le cursus tremplin qui permet d’obtenir un diplôme de Musicien Interprète et Musiques Actuelles, puisque la dernière particularité de l’école est de proposer des formations spécifiques aux musiques dites actuelles. L’action de Musique & Equilibre touche 600 personnes par semaine. Serge en profite pour souligner que cette structure continue à diffuser la musique sur l’orléanais malgré un faible soutien de la ville. Le site de l’école est à www.musique-equilibre.com
Encore une remarque musicale cette fois avec le festival Orléans Jazz. C’est un des paradoxes actuels, le marché du disque s’effondre et celui du disque jazz vivote tant bien que mal, alors que les festivals poussent à tous les coins de nos régions. Celui d’Orléans n’est pas nouveau et il aurait pu jouer de la situation géographique pour promouvoir du jazz new Orleans (ah, ah), alors qu’en réalité il a le mérite d’offrir un tremplin, au milieu d’une programmation étoffée de grands noms du jazz, aux formations régionales. Ainsi 3 lieux se partagent le butin du programme aux premiers jours de l’été. www.orleansjazz.fr
Une petite note pour ne pas rester sur notre faim avec la dynamique franchement agréable à voir de la part des agitateurs de Vox populi. L’association qui a choisi la voix du peuple plutôt que celle des dieux est installée à Château-Renard, dans la partie est et rurale du Loiret. L’association gère un minuscule espace ciné-café-concert, le Vox, de 64 places (assises, précise Joël l’auteur du courrier que je vous transmets). C’est d’abord une salle de cinéma classée art et essais avec quand même 10 000 spectateurs en 2009. Depuis l’été dernier, l’aquipe propose des séances itinérantes de cinéma en plein air et surtout organise les 22 et 23 mai son festival de musique ( le festivox guinguette des Bords de l’Ouanne). 4000 personnes passent chaque week-end de la Pentecôte depuis 15 ans, www.festivox.fr
Environnement
François natif de Tigy dans le Loiret nous a envoyé une série d’informations sur son département natal dont une consacrée au domaine du Ciran à 15 km de Tigy à la pointe sud du département. Cet espace est un conservatoire de faune sauvage de Sologne établi sur 300 hectares autour d’un château du XIXème siècle. Nous sommes à Ménestreau en Villette non loin de la Ferté Saint-Aubin. Le propriétaire de ce domaine depuis 1977 est l’association pour la Fondation Sologne dont les objectifs sont de maintenir une gestion agricole, forestière et piscicole sur le site, de faciliter l’observation des animaux et de développer des actions pédagogiques en faveur de la protection de l’environnement. Des aménagements sont réalisés à cet effet avec parcours, observatoires, vidéothèque et centre de documentation. Le château lui-même a reçu l’agrément Gîtes de France et des expositions se tiennent régulièrement au domaine dont des expos photos et une animation autour du bâti solognot. En plus, si vous taquinez de la petite balle, il y a deux golfs à proximité dont le beau 18 trous de Marcilly en Villette. www.domaineduciran.com
Loir et Cher
Le Loir et Cher compte en effet 51 habitants au kilomètre carré avec ses 326 000 habitants dont le tiers se partage entre les trois villes et agglomérations principales (Blois, 50 000 habitants et 91 000 avec l’agglomération, Romorantin-Lanthenay, 18 000 et Vendôme, 17 000). Sur 291 communes, 253 sont rurales. Ruralité et agriculture, les grandes zones céréalières dominent le département au nord de la Loire, l’élevage y est bien représenté et évidemment terre et viticulture car ici les deux rivières du Loir au nord et du Cher au sud sont séparées par la Loire et offrent trois bonnes raisons du trouver des appellations qui doivent évoquer quelques arômes : on a laissé derrière nous Reuilly et Quincy pour aborder Menetou Salon, puis Montlouis, Vouvray avant de rejoindre les multiples vins de Touraine. La plupart de ces produits du val de Loire sont réalisés à partir d’un seul cépage de Chenin blanc dont la réputation n’est plus à faire. Modérez selon le mot d’ordre. Pour le reste de l’économie du Loir et Cher, c’est le tertiaire qui, comme partout, tient la tête du peloton avec un secteur plus particulièrement développé ici : le tourisme. 150 monuments sont classés, 285 sont inscrits et Bois et Vendôme sont des villes d’art et d’histoire. Coeur Val de Loire selon l’appellation patrimoniale avec ses 25 châteaux ouverts au public dont le seul édifice de Chambord attire plus de 700 000 visiteurs annuels. Travers des nostalgies musicales des seventies, Chambord rappelle chez moi les images d’archives du tournage de Peau d’Ane de Jacques Demy avec la silhouette de Jim Morrison, loin des Doors, aux portes d’une fin de voyage en France.
Certaines communes de ce département drainent de grandes cartes postales historiques à l’instar de Cheverny ou de Chambord. D’autres suscitent des images bien différentes, telle Lamotte Beuvron en Sologne qui aurait vu naître la tarte Tartin à la fin du XIXe siècle (c’est fou jusqu’où peuvent aller les Carnets de campagne). On la devrait aux sœurs Tatin qui tenaient une auberge à Lamotte. Plus vraisemblablement la tarte de ce type était répandue dans l’orléanais et c’est à son arrivée sur les tables parisiennes que le nom de Tatin aurait été officiellement attribué. (Oui, il était une époque encore proche où pour se faire un nom, il fallait « monter » à Paris). Une autre petite ville porte, quant à elle, une empreinte plus sombre puisqu’il s’agit de Montoire sur le Loir, dans le Perche, marquée par les deux rencontres de Hilter avec Laval le 20 octobre 1940 puis quatre jours plus tard avec Pétain. Montoire présente d’autres intérêts notamment dans sa politique de protection de la nature. Dès 1980 un groupement s’est créé afin de limiter le saccage du bocage propre à cette région du Perche. Perche nature, c’est son nom, eut rapidement gain de cause auprès de défenseurs de la nature en région Centre et même au-delà de cet espace. Depuis Perche nature poursuit ses actions d’éducation à l’environnement dans ce perche vendômois. Elle joue aussi un rôle de conseil, elle publie régulièrement des atlas de la faune et de la flore et organise des débats publics. Chaque année perche Nature assure 130 interventions sur le terrain et mobilise 3200 personnes. www.perchenature.fr
Etablissement public de la communauté d’agglomération de Blois depuis 2003, Agglopolys regroupe 26 communes soit 92 000 habitants. Le site de l’établissement précise sur cette réunion de communes de l’agglomération a été décidée « afin d’assurer un développement harmonieux du territoire et une gestion cohérente des services ». Au-delà de la formule de circonstance, l’établissement s’investit dans l’économie locale, le social, l’habitat, l’enseignement artistique, la collecte des déchets ou encore les transports. Illustration avec une initiative originale, encore une : le TAD, Transport à la Demande. Il s’agit d’un service de transport destiné plus particulièrement aux ruraux et adapté aux besoins des particuliers pour des déplacements ponctuels. Cela peut être un rendez-vous chez le médecin (il y a de moins en moins de généralistes dans le rural), une démarche administrative à Blois ou plus simplement même la pratique d’un loisir. Pour l’occasion, question de communication, on a créé le personnage de Zélia l’abeille, symbole du développement durable, et le TAD de Zélia ne coûtera au bénéficiaire que deux euros. A suivre sur www.agglo-blois.fr
Culture
Annie Chaplin et Jacques Auxenel sont installés à Montoire sur le Loir, village dans lequel ils ontaménagé depuis 1999 leur théâtre dans un silo de coopérative paysanne. Ce silo comme la plupart de ceux qui ont poussé dans les années 60 dans les campagnes n’avait rien pour plaire. Une immense structure métallique portée vers la rouille et destinée à devenir une verrue dans le paysage. C’est à la fin des années 80 que le metteur en scène jacques Auxenel va découvrir le pays vendômois alors qu’il est sollicité pour animer des stages de théâtre. Dix ans plus il va faire l’acquisition de ce silo avec Annie, avant-dernière enfant de Charlie Chaplin. Ils y installent leur compagnie, réhabilitent le site et conçoivent une salle de spectacles de 250 places. Le théâtre du silo a vu aussi simplement le jour avec le soutien d’une population locale qui fréquente assidûment le lieu d’autant que les représentations se prolongent autour d’une table. Un site tout neuf en cours de construction, et donc encore incomplet, vous attend à www.theatrelesilo.fr
Le Loir et Cher ne manque pas de rendez-vous musicaux et principalement de jazz. Le plus connu d’entre eux demeure celui de Salbris, dont la relation à la musique est d’avoir été la commune de mariage de Django Reinhardt. C’est d’ailleurs dans la veine du jazz manouche qu’est né Swing 41 qui organise depuis 8 ans un festival aux premiers jours de juin. Cette petite ville de 6000 habitants située au sud est du département tente de conjurer le mauvais sort économique qui l’a frappé avec la fermeture de Matra Industries il y a quelques années et là encore les rendez-vous culturels prennent le relais du tissu économique défaillant. Autre rendez-vous jazz à la mi-juillet, le festival de jazz en Val de Cher » associé à un stage d’une semaine qui réunit 50 musiciens amateurs dans le petit village de Mareuil sur Cher, cette initiative a été lancée par le saxophoniste, Xavier Trotignon et puis enfin « Jazz et convivialité » créé en 2005 par d’autres musiciens amateurs. De toute évidence la musique jazz porte ses fruits puisqu’après le maintenant célèbre Jazz sous les pommiers de Coutances dans la manche, « Jazz et convivilaité » secoue le prunier. Pour cause il est implanté à Pruniers-en-Sologne. Seul dommage son titre nettement moins original que celui de l’association qui l’organise, Destock Jazz. Michel un des fondus fondateurs du festival nous a d’ailleurs envoyé un courrier d’un des musiciens invités qui se dit avoir été impressionné par le dévouement et l’engagement des intervenants, puisqu’outre les inévitables concerts, l’association met au point des stages multi-instruments en partenariat avec l’école de musique de Romorantin Lanthenay http://destockjazz.fr