Des libraires libres: le réseau Initiales.
J'aime plus que tout le livre et je ne suis pas le seul. J'aime prendre mon temps pour choisir. Les sondages vous diront bien chaque année que le nombre de lecteurs diminue et principalement le cheptel des grands lecteurs, c'est-à-dire de ceux qui lisent plus de 20 titres par an. Oui, je suis comme tout un chacun influencé par la médiatisation et les encarts d'informations qui prônent une lecture accréditée de la photographie de l'écrivain. Sois belle et écris, sois beau et tais-toi. C'est comme cela depuis que le livre a gagné ses heures de reconnaissance par le petit écran et même si celui-ci n'est plus qu'un prétexte à apercevoir un livre au détour d'un sujet dit d'actualité et d'une revue de la peolisation littéraire, il n'empêche que la bonne "bouille" de l'auteur est censée attestée d'un bon brouillon. Tout sauf Wolton. Thierry. Quoique Dominique... Donc Thierry Wolton se lâche d'un fiel malodorant dans le Monde daté du 18 janvier 2008 (ce n'est pas tout à fait frais, ce qui rajoute au dégagement nauséabond: "Le combat du Syndicat de la librairie française est non seulement d'arrière-garde car Internet est devenu un vecteur culturel essentiel, y compris pour le livre, mais surtout il sent son poujadisme en pratiquant un corporatisme qui n'a rien à voir avec la défense du livre". La citation est donnée en pages d'introduction de l'excellent tour de France des librairies indépendantes regroupées en un réseau original: Initiales. le livre aborde et visite de l'intérieur 19 des 34 adhérents de l'association . Le poujadisme dénoncé est un non-sens dont seul un démagogue illettré peut connaître le secret. Il est vrai que défendre une activité locale peut passer aux yeux de certains pour une résistance aveugle et pétainiste du savoir-faire franco-français. Manque de chance, les libraires indépendants diffusent autant la littérature francophone que les livres étrangers. Deuxième déveine, ces libraires comme tous les autres échangent leurs données en grande partie par le Net et parfois utilisent ce tuyau pour guider leurs clients. Troisième chute, la plus dure, ils sont 2 000 en France à clamer leur indépendance. Pour un micro phénomène de quartier, c'est plutôt réussi. Wolton va peut-être nous contester ce nombre, produit du syndicat, par celui de la police. Initiales est une réaction intelligente aux monopoles de l'édition auquel Internet n'échappe pas. Certes le e-book va se développer et les Etats-Unis ont anticipé en signant un accord entre éditeurs et Google afin de protéger les droits des auteurs dont les livres sont numérisés...par Google. Editeurs, grand scan de Google, mais quid des libraires? Google est en passe de devenir le plus gros distributeur universel. L'exemple de la Fnac, feu centrale d'achat de produits culturels est assez symptomatique des changements qui interviennent dans la diffusion de la culture. Le fond est réduit et surtout il vit sur une rotation accélérée des titres. Essayez de faire défiler devant vos yeux le plus vite possible les 65000 titres qui sont publiés chaque année en France, vous aurez le vertige et surtout vous n'en retiendrez aucun. L'indépendant fait donc le choix de suivre ses lecteurs et de s'adapter à des pratiques que Wolton jugera éculées, à savoir favoriser une rotation lente du stock qui constitue son fonds de référence. Est dit "fonds de référence", les titres qui ont dépassé la première année d'existence. L'autre vertu du réseau Initiales, entre autres, est de mutualiser les moyens. On a vu le résultat dans des grands salons du livres où nos libraires se répartissent les présences. Ainsi un livre a été édité par l'association en format carnet de voyage aux six coins de l'hexagone et sous forme de deux saisons: recto, un Noël en librairies, verso, un été en librairies. (Je suppose que l'automne, les feuilles sont mortes, et le printemps, les arbres bourgeonnent). Chaque étape pousse les portes des cavernes du livre. Certaines se blottissent entre deux façades historiques, telle l'écritoire à Semur en Auxois (21) alors que d'autres s'ouvrent sur une place comme la librairie Lucioles à Vienne (38) devant laquelle pose la fine équipe (cf. photo).
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