D'un article à l'autre: des artisans aux auto-entrepreneurs
Un article précédent sur l'artisanat du bâtiment m'a valu quelques courriers et réactions, à commencer par la Fédération nationale du bâtiment qui ne souhaite pas laisser les prévisions d'emplois à venir avec l'éco-construction aux seules mains de la Capeb. Loin de moi cette idée, mais loin de moi aussi l'intention de faire la description de l'édifice administratif des métiers du bâtiment, au risque d'occulter la famille des truelles. C'est de bonne guerre certes, mais parfois de façon insistante et insidieuse au point d'exagérer les dates des mises en application des labels de l'éco-artisanat. La Fédération m'a fait savoir qu'elle avait déjà anticipé sur cette orientation en signant une charte il y a deux ans. Après vérification, celle-ci vient d'atteindre sa première année d'exercice. Passons. En revanche d'autres débats sont nés sur ce que la CAPEB elle-même tente de discuter voire de disputer, à savoir la nouvelle concurrence déloyale (parce que déséquilibrée) entre les professionnels et TPE du bâtiment qu'elle défend et les auto-entrepreneurs. Cette nouvelle famille des statuts professionnels fait frémir plus d'une personne. A notre sens cette crainte est peu justifiée, mais encore faut-il dépouiller l'auto-entrepreneur des méprises qui circulent à son égard. Cela commence par la notion de sous-statut, ça se prolonge par celui de cache misère sociale et professionnelle et enfin ça s'achève par celui de repère de chômeurs. Sans chercher à prêter plus de mérites à l'auto-entreprise et sans chercher à la promouvoir au titre de panacée universelle, elle présente l'avantage de récupérer, de repêcher ceux qui auront connu les âffres des refus bancaires, des silences à leur sollicitation et des trottoirs de l'exclusion. Petits métiers pour petits bosseurs. Admettons que certains entrent dans ce cas de figure et que la catégorie des services semble remporter l'estime de ces entrepreneurs autodéclarés.
Rien de plus facile d'obtenir un numéro de Siret en 48 heures dit-on. Oui et alors. Je ne vais pas me lever un matin en décidant d'obtenir le premier sésame. Les personnes qui choisissent ce mode d'activité portent d'abord un projet. Pourquoi ne parle-t-on pas des démarches et réflexions qui précèdent une inscription? Certes c'est tout à l'avantage d'une économie mal en point de favoriser voire d'inciter à l'auto-entreprenariat. Les ministres Lagarde en 2008 et Novelli en 2009 s'y sont investis en prévoyant une création nette de 300 000 auto-entreprises en 2009. Il est vrai que les résultats sont toujours en deçà des espoirs et que les chiffres d'affaires avancés par ces auto-entrepreneurs sont dérisoires, mais regardons la réalité des faits: les charges ne sont prélevées sur ces sociétés qu'à partir d'un premier chiffre d'affaire réalisé et calculées au prorata de celui-ci. Dire que ces micro-entreprises sont déchargées de toute fiscalité est faux, sauf pour la TVA. Ensuite un plafond de 80 000 euros l'an pour les entreprises commerciales et 32 000 pour les entreprises de services a été instauré: pas de quoi imaginer une grosse concurrence pour les TPE et PME qui travaillent à une autre échelle. Je ferai changer une gouttière par un artisan auto- entrepreneur, mais ma toiture sera rénovée par une entreprise spécialisée. Dans le premier cas j'ai un service accessible et simple dont la PME n'aimera pas s'embarrasser et dans le second cas j'aurai la garantie de la qualité et de la viabilité de la réfection. Deux poids, eux mesures. Au lieu de mettre en opposition ce qui n'est pas opposable, il est bien plus sain de parler de complémentarité avec même, en sus, un vent de solidarité.
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Rien de plus facile d'obtenir un numéro de Siret en 48 heures dit-on. Oui et alors. Je ne vais pas me lever un matin en décidant d'obtenir le premier sésame. Les personnes qui choisissent ce mode d'activité portent d'abord un projet. Pourquoi ne parle-t-on pas des démarches et réflexions qui précèdent une inscription? Certes c'est tout à l'avantage d'une économie mal en point de favoriser voire d'inciter à l'auto-entreprenariat. Les ministres Lagarde en 2008 et Novelli en 2009 s'y sont investis en prévoyant une création nette de 300 000 auto-entreprises en 2009. Il est vrai que les résultats sont toujours en deçà des espoirs et que les chiffres d'affaires avancés par ces auto-entrepreneurs sont dérisoires, mais regardons la réalité des faits: les charges ne sont prélevées sur ces sociétés qu'à partir d'un premier chiffre d'affaire réalisé et calculées au prorata de celui-ci. Dire que ces micro-entreprises sont déchargées de toute fiscalité est faux, sauf pour la TVA. Ensuite un plafond de 80 000 euros l'an pour les entreprises commerciales et 32 000 pour les entreprises de services a été instauré: pas de quoi imaginer une grosse concurrence pour les TPE et PME qui travaillent à une autre échelle. Je ferai changer une gouttière par un artisan auto- entrepreneur, mais ma toiture sera rénovée par une entreprise spécialisée. Dans le premier cas j'ai un service accessible et simple dont la PME n'aimera pas s'embarrasser et dans le second cas j'aurai la garantie de la qualité et de la viabilité de la réfection. Deux poids, eux mesures. Au lieu de mettre en opposition ce qui n'est pas opposable, il est bien plus sain de parler de complémentarité avec même, en sus, un vent de solidarité.
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