En route vers l'emploi....
Gilbert a du cœur. Il en a encore plus depuis le jour où, à 53 ans, sa carrière de gestionnaire de patrimoine s’arrête net sous le coup d’un licenciement. 53 ans, c’est quasiment une fin de route dans le marché du travail. Justement c’est la route qui lui donne une occasion de reprendre des activités. Gilbert Nicollet se reconvertit au monitorat d’auto-école non sans mal : « Je me sentais dévalorisé, j’ai échoué à l’examen et je n’avais aucun moyen de financement d’une nouvelle activité. J’ai eu la chance d’être suivi par la Direction du Travail qui a accepté de financer une seconde année de formation qui s’accompagnait d’un projet d’auto-école associative. J’ai réussi l’examen et j’ai rédigé à la suite de cela un mémoire dont le thème était ‘l’apprentissage de la conduite peut-il être un facteur de socialisation des personnes en difficulté ?’. Vous comprenez que, bien que privilégié au niveau vie professionnelle et vie familiale, cette période de chômage m’a profondément marqué. Je me mettais à la place de personnes bien plus démunies que moi en me disant qu’un travail de reconstruction était à faire en prenant comme outil pédagogique l’apprentissage de la conduite et de la sécurité routière. Si je me doutais du besoin de retour à une estime de soi auprès de ces personnes, je ne mesurais pas le besoin de mobilité pour décrocher un emploi. Je l’ai découvert quand j’ai réalisé mon étude de marché avec la Direction du Travail et le Conseil Général ». En 1998 Gilbert fonde à Cherbourg l’association « C.Permis ». Le terrain de couverture de l’association va vite s’étendre à l’ensemble du département. Une antenne est alors créée à Hérouville-Saint-Clair dans le Calvados puis une autre à Argentan dans l’Orne. C.Permis travaille donc aujourd’hui sur l’ensemble de la Basse-Normandie et emploie 19 personnes à temps plein. Mais l’aventure de Gilbert Nicollet ne s’arrête pas en si bon chemin : « Nous fonctionnons comme un centre de formation professionnelle, c’est-à-dire que nous travaillons uniquement sur des fonds publics. Le problème est que notre budget est remis en cause tous les ans. J’ai donc pensé à créer un réseau qui réunirait des structures qui se consacrent elles aussi à la mobilité vers l’emploi. Le réseau très modeste regroupe des structures qui louent par exemple des cyclomoteurs, d’autres des véhicules permis B. Ainsi est né REMOVE, Réseau Européen de Mobilité Vers l’Emploi. En tout 10 structures ont intégré le réseau et elles n’échangent entre elles que des données pédagogiques. Il n’y a donc pas d’enjeu financier. Selon nos estimations portant sur les formations dans les trois départements, 25 % des personnes qui réussissent le passage de l’examen, trouvent des CDD de moins de 3 mois et 50% obtiennent des CDI ou des CDD de plus de 6 mois. Il reste 25 % de personnes dont la situation ne bouge pas ».