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23 Mar

Espèce d'écolo-citoyen!

Publié par Philippe BERTRAND  - Catégories :  #coup de gueule

 Suite à un échange sur les cantonales où j'émettais un point de vue, j'ai eu parmi les réactions celle-ci qui me fait repenser à l'histoire de l'écologie en France: "restez-en à vos contacts écolo-citoyens". Comme je me sens davantage citoyen qu'écolo, parce que je n'ai jamais su ce que l'abréviation recouvrait,  je suis porté à poser cette question: quelle place a l'écologie dans l'esprit des français?  L"Ecolo", c'est  ici un cousin du rigolo. La politique est une affaire d'adultes, va jouer avec  tes cueilleurs de pissenlits. Dès les premières entrées de l'écologie dans l'arène politique française, les divisions ont fissuré les discours. Lalonde, Waechter, bien après René Dumont, apparurent très rapidement comme les faux frères débordés qu'ils étaient par les grands opérateurs de la muleta politique (nous sommes dans l'arène, rappelez-vous). Tout le monde fut rattrapé par la chose politique, ne serait-ce que pour les bulletins que d'éventuels électeurs "écolos", on disait verts déjà, pouvaient déposer dans l'urne.  L'écologie aujourd'hui est devenue un acteur à part entière sur l'échiquier politique. Je ne sais pas si idéalement les revendications des verts n'auraient pas dû être assimilées et adoptées par les partis majeurs de la sphère politique. L'écologie ne serait plus un appel d'urgence sans cesse réitéré, mais un devoir partagé par la majorité. La question n'est pas nouvelle et on est en droit de se demander si, en jouant dans cette arène, l'écologie n'a pas perdu une partie de son fond, de son héritage, ou alors, autre possible, serait-ce nous qui avons changé au fil des décennies? Pardon de faire ressurgir un souvenir anecdotique d'une enfance révolue, mais je conserve l'impératif des parents qui s'évertuaient à ne pas laisser leurs enfants transformer leur espace naturel en poubelle. Cet impératif a imprimé des gestes que je prolonge encore. Je sais que de ne pas jeter de papiers gras dans le premier fossé venu est un acte dérisoire, mais il n'est pas pour autant risible. "C'est pas rigolo", pour reprendre l'enfantillage de départ. Simplement à partir de ce geste somme toute logique pour ne pas dire naturel, une distance a été prise qui impose aujourd'hui de modifier nos comportements, nos consommations d'énergie, d'assumer différemment nos déchets et de penser mieux et donc plus collectif. Quel mal nous a rongé pour nous détourner des évidences premières? ( je me doute que le confort des 30 glorieuses, la surconsommation, l'appât du gain, la culpabilité des parents de la guerre sont en partie les coupables). Quel mirage nous a fait perdre la face d'origine et quelle pose ridicule nous a transformé en rigolos écolos citoyens? Ecolo rime avec tous les diables des "gens" sérieux: écolo bio, écolo bobo, peut-être dodo aussi et pas assez avec boulot. Ecolo rigolo, ridicule moulin à vent qui plante sa tente au pied de la centrale de Fessenheim. Ecolo pseudo paysan avec ses salades bio qui coûtent deux fois leur prix. Le Larzac va nous revenir en pleine face avec un poster d'un jeune barbu en goguette avec sa biquette sur les hauts plateaux. Rigolo, laisse nous conduire les affaires et va donc partager ton fromage de chèvre avec les bénévoles de ton utopie non marchande. Il faudrait remercier José Bové, ancien étudiant américain passé par le camp des bonnes Causses, d'avoir trouvé un siège en Europe. Le costume a remplacé la chemise de bûcheron et sa parole est plus respectable que les soubresauts des rigolos. Citoyen José contre écolo casseur de Mac Do. Encore une rime. Finalement, c'est peut-être ça l'explication, la cause des effets rigolos: le vert est le petit garçon qui gueule contre le papier gras.

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Le complément de l'émission des Carnets de Campagne de France Inter avec son journal régulier des solutions.