Etudiants des champs: le Campus vert.
La crise du pouvoir d'achat et de l'immobilier touche plusieurs types de populations dont une qui n'apparaît médiatisée qu'à la fin de l'été lorsque sonne le glas des rentrées scolaires puis universitaires: les étudiants. En terme de journalisme, cela s'appelle un marronnier à l'instar des bouchons autoroutiers du 15 août, des clichés du père Noël de supermarché le 24 décembre ou de la bénédiction papale de Pâques. Pourtant il existe depuis plus près de 15 ans un principe qui est presque passé inaperçu au sujet de cette population estudiantine. Avant de détailler les faits, il faut en revenir aux sources. 1995. Béthune. Philippe Amielh, agent de développement local, travaille pour la communauté de communes qui englobe cette ville du Pas-de-Calais. Un centre universitaire émerge sur ce territoire avec 5000 étudiants à former, mais aussi à loger. Dans ses nombreuses qualifications, Philippe fut conseiller agricole. Ce détail aide à comprendre l'entreprise judicieuse qui germe dans son esprit. En effet de nombreuses cités universitaires s'installent en périphérie des villes. La réaction première est de trouver une solution de logements à proximité de cette zone ou alors, plus difficile, en plein coeur de la ville concernée. Philippe pense à l'inverse: construire du logement étudiant en zone rurale. Le concept est né: héberger les étudiants à la ferme. Plusieurs avantages à cela: la réhabilitation de bâtiments de ferme parfois abandonnés ( des subventions régionales facilitent le bouclage du chantier), une activité complémentaire pour une profession souvent sinistrée, des échanges d'un nouvel ordre entre le savoir et le faire et entre les citadins et les ruraux et enfin des perspectives de petits jobs pour l'étudiant à la ferme, de la garde d'enfants au ramassage des légumes. Non sans humour une association voit le jour: l'AFAC, Association des Fermes d'Accueil en Chambres d'étudiants. Trois agriculteurs acceptent le challenge avancé par Philippe. Aujourd'hui 320 studios sont à disposition de cette clientèle dans le Nord-Pas-de-Calais, en Bretagne et en Picardie. Ce rapprochement des cultures séduit d'autres régions qui s'inscrivent dans ce qui correspond maintenant à une fédération des AFAC: Rhône-Alpes, Champagne-Ardenne et Basse Normandie, soit un potentiel de 200 studios supplémentaires. Vous aurez toutefois le droit de penser que l'usage de la voiture est nécessaire pour favoriser le lien et vous aurez raison. Afin d'éviter toute consommation coûteuse et polluante, le concept du " Campus vert" préconise le regroupement d'étudiants sur un même site par affinité. En effet le cahier des charges de la fédération accorde un maximum de 6 studios sur un même domaine ainsi qu'une distance n'excédant pas 20 minutes de route et des tarifs avantageux, de l'ordre de 30 à 40 % inférieurs aux tarifs habituellement pratiqués. Seul projet collectif de ce type en France, la Campus vert est une marque déposée à l'INPI
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