L'économie sociale et solidaire
Cette semaine se tenait à Nantes le congrès national des chambres régionales d'économie solidaire. Un nouveau pas a été franchi depuis que le premier Ministre a commandé un rapport au député Francis Vercamer sur cette économie de personnes constituée d'associations, de mutuelles et de coopératives. Plusieurs chambres ont fait des démonstrations de leurs plans d'actions régionales et les groupes présents ont pu échanger des points de vue d'avenir. Le premier constat qui ressort de cette journée conforté par l'intervention de Denis Stokking président du think tank européen, pour la solidarité, est que les expériences d'économie solidaire entreprises en France sont pour la plupart exemplaires. La chambre d'Alsace confirmait cet état de fait au regard du voisin allemand encore étouffé par une méthodologie administrative pesante. Le second constat est que l'ESS est enfin prise en compte par les décideurs politiques et par les hautes instances du pouvoir. Il reste à faire entrer un discours dans les esprits qui sont pour l'instant encore soumis aux codes de l'économie de marché. là est bien la difficulté, car l'intérêt subi pour cette économie est conditionné par le nombre d'emplois qu'elle assure, la grande différence reposant sur sa finalité. L'ESS vise non pas un profit à l'instar de l'économie de marché, mais un équilibre démocratique dans le fonctionnement de ses instances coopératives, associatives ou mutualistes. Le petit livre de Hugues Sibille et Tarik Ghezali, "Démocratiser l'économie" (Grasset) est un excellent support de réflexion. Il martèle en ouverture les limites du traditionnel face à face Marché-Etat dont le premier écueil est d'avoir ignorer la place et la parole citoyennes.: " La France dirigeante a peur de ses citoyens. Ses élites politiques et économiques les veulent sujets, peu acteurs. Elles les préfèrent soumis ou manifestant, plutôt qu'engagés dans la résolution de leurs problèmes (...) Un surmoi monarchique pèse sur les idéologies hexagonales (...) Nos élites pensent que l'avenir de la société se construit dans la confrontation binaire Etat versus marché".
Même si à l'échelle mondiale, le marché des biens et des services ne représente qu'une partie ridicule de l'ensemble des transactions financières, soit 3%, il n'empêche que l'économie solidaire a vu le nombre d'emplois de ses sociétés augmenté de 17% entre 2000 et 2008 avec 326000 emplois supplémentaires. Les prochains états généraux de l'économie sociale et solidaire devraient permettre au réseau de se faire mieux connaître et d'accroître encore sa percée.