La petite fille aux sabots.
Je sais ce que vous allez me dire: le titre ressemble à un lancement de sujet du JT de 13 heures par Jean-Pierre Pernaud. Je fais comme lui: " nous sommes à Saint-Bertrand de Comminges en Haute-Garonne et Isabelle Estrade est à l'origine de la préservation d'une des dernières saboteries des Pyrénées". Bref, tout y est le local microscopique, l'atelier qui sent la sciure et le bon gros sabot de derrière les fagots. L'atelier s'appelle les sabots d'Isa et il est vrai que l'histoire est presque banale. Les sabotiers à l'origine et ce depuis trois générations sont les beaux-parents d'Isabelle. Isa de formation littéraire est aux antipodes de la chose, sauf que lorsque monsieur beau-père lui ouvre les portes de son antre voué à fermer à l'heure de sa retraite, la jeune femme a non seulement un coup de coeur, mais découvre sa vocation. Il lui faudra cinq ans d'apprentissage pour venir au bout du savoir-faire et une bonne dose de culot pour créer son propre atelier dans un nouvel espace aménagé. Le bois y est roi tant pour l'habillage de l'espace que pour la confection des produits, un bois suédois s'il vous plaît. ensuite il fallait déringardiser, c'est elle qui l'écrit, le sabot et le folklore qui s'y rattache. Elle dessine donc ses modèles, leur donne des couleurs, les invente au gré des saisons et joue avec des cuirs riches et variés. La plupart du temps, Isabelle fait sur du mesure et répond principalement à des commandes du...monde entier. En effet, c'était la dernière condition pour que l'aventure prenne corps et pas uniquement aux pieds, il fallait créer une nouvelle diffusion. Grâce à Internet le sabot va bien au-delà de la Lorraine, en Allemagne, aux Etats-Unis, en Nouvelle-Zélande, au Vietnam ou au Japon pour ne citer que les clients les plus éloignés... de Saint-Bertrand de Comminges et du hameau de La Prade.