Le foncier agricole s'effondre, mais il y a encore des solutions
Avoir un projet d'installation et de production agricole aujourd'hui relève du défi à surmonter. Les coûts sont suffisamment élevés pour freiner les jeunes candidats. Certains territoires ont été annexés par l'agriculture conventionnelle à une époque où son extension signifiait sa survie. Enfin les banques sont de plus en plus réticentes à accompagner de nouveaux projets dont la viabilité est incertaine. Les chiffres qui résultent de cette situation et de la conjoncture sont éloquents: 66 000 hectares de surface agricole sont artificialisés chaque année en France de manière irréversible. Chaque semaine 200 fermes disparaissent de nos territoires! Le prix moyen d'un hectare de terre agricole a augmenté de près de 45% en 8 ans. Pour accabler le sort de ses surfaces potentiellement exploitables, l'Institut Français de l'Environnement, IFEN, a édité un rapport sur la contamination des eaux superficielles et souterraines. Ce rapport stipule que 91% des cours d'eaux mesurés et 55% des eaux souterraines analysées sont touchés par les pesticides.
L'alternative défendue par de plus en plus de nouveaux agriculteurs soucieux de leur espace de travail et de leur produit et par les jeunes candidats à l'installation est de pratiquer une méthode respectueuse de l'environnement et en accord avec la production biologique. Le premier Grenelle de l'environnement avait annoncé haut et fort que 6% de la surface agricole devait être cultivés en agriculture biologique d'ici l'horizon 2012 pour atteindre 20% en 2020. Aujourd'hui la France compte 2% de sa surface agricole en bio et se range dans les bons derniers de l'union européenne.
Une solution a été soumise aux nouveaux candidats par le biais de l'épargne solidaire avec la foncière Terre de Liens et le fonds du même nom. Créée à l'origine sous forme associative, terre de Liens est devenue en 2008 la première structure en France à offrir la possibilité aux citoyens d'épargner afin d'acquérir des terres et de faciliter l'installation des paysans. L'intérêt du don est évidemment de permettre au donateur de bénéficier de réductions fiscales, mais aussi de participer au développement d'économies locales par le biais de l'agriculture bio dont les circuits de distribution demeurent eux aussi locaux. En octobre 2008, la Foncière terre de liens lançait un appel public à l'épargne et un an plus tard 3500 actionnaires avaient déjà répondu à cet appel avec une épargne constituée de 7,5 millions d'euros. 20 fermes ont été acquises grâce à ce principe. 21 autres sont en cours d'acquisition et 50 paysans ont été installés ou maintenus dans leur activité.
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