Le ras le bol de la rase campagne
Vous savez ce qu'elle vous dit la France d'en-bas, du dépeuplement du désoeuvrement?
Le dialogue pourrait être fourni à l'aune des débats qui agitent le sempiternel chemin des vaches. La même interrogation pointe ses cornes au croisement des départementales: comment rendre attractifs ces territoires avec le peu d 'argent en réserve des collectivités? Plusieurs réponses ont été données: mutualiser les services et moyens des communes et des communautés. Les EPCI, comme on ne les appelle pas plus clairement, doivent répondre à cette force globale qui réunit les communes d'un pays sous un même ordre d'actions et de solutions partagées. Seulement au sein des communautés de communes, les plus petites collectivités réclament un droit de parole et de décision qui leur est retiré au profit des villes. On n'a jamais vu un grand se sentir lésé par un plus petit. Il faut restaurer le dialogue ville-campagne disent d'autres observateurs du petit poucet rural. Admettons même si le dialogue nous semble plus aisé entre l'urbain et le péri-urbain. Bref le village est difficilement invitable à la table des négociations sinon, éventuellement, pour prendre des notes. Une autre solution plus radicale et sous-entendue par la réforme des collectivités est d'alléger le corpus des petits élus qui s'étendent en travers de la grande route du développement. Scandale! répond l'association des maires ruraux de France. Ce discours laisse entendre aux français moyens que nous sommes tous, que le mille feuille administratif hexagonal est le produit des 550 000 fonctionnaires qui nous ponctionnent les réserves. Par chance plus de 400 000 d'entre eux sont des élus bénévoles. Ouf. Je résume: où en sommes-nous à l'heure actuelle? Une commune de moins de 500 habitants, c'est-à-dire une majeure partie des 36 600 communes de France, n'a plus besoin de représentants locaux puisque le bureau de la communauté de communes prend tout en charge et ce sont les principales villes de ces communautés qui conservent l'essentiel des services dont la population rurale a besoin. Rien n'interdit aux réservistes du terroir de prétendre à l'ouverture d'un gîte ou d'une chambre d'hôtes en rase campagne. Certains décident de prendre le taureau par les cornes (on a l'image qu'on mérite) et parmi eux, Fabien Bazin, maire de la commune de Lormes dans la Nièvre et conseiller général. Le coup d'épée de Fabien s'appelle "le bouclier rural" et appelle à abroger la version fiscale qui émeut jusqu'au patrimoine des élus UMP. Ce bel entonnoir à fric pourrait être remplacé par un grand programme de revitalisation de la ruralité aux abois. Pour l'instant c'est bien le bouclier fiscal qui ébranle la majorité sans parler des levées de boucliers de l'opposition. Disons que cette démonstration est de bonne guerre. Le seul perdant est le rural. Arrivé à ce point de non-retour et pour secouer définitivement les auréoles de la république endormie, le programme du bouclier cette fois rural tape fort: créer des zones rurales franches au même titre que les homologues urbaines et ainsi défiscaliser les entreprises qui chercheraient à se mettre au vert, imposer une durée maximale d'accès aux services de santé, du Trésor Public, aux services bancaires, postaux ou éducatifs, sans laquelle le programme est inconcevable, soit une distance maxi de 20 kilomètres ou encore inciter à la préservation de ses services telles une prime aux médecins isolés. Il ne s'agit dans cet énoncé que de quelques propositions dont l'ensemble est détaillé sur le forum du programme. En attendant le programme est salué par la presse nationale, adopté par Martine Aubry et bientôt débattu en proposition de loi à l'Assemblée. Une belle secousse en perspective!