Le relais: la petite entreprise d'insertion devenue une méga coopérative
La grande illusion, comme aurait dit Renoir, est de croire que l'associatif et le coopératif ne seront que les TPE du social et solidaire, autrement dit les petits acteurs de cette économie de l'ombre. Maintenant l'économie de l'ombre entre dans la lumière et les petits acteurs font parfois pâlir les "cousins" de l'économie de marché. Le Relais né en 1984 aux côtés de la communauté Emmaüs de Bruay-la-Buissière (Pas-de-Calais) fait partie des 10 plus grosses coopératives de France: 2178 salariés dont 60% en CDI, 90 000 tonnes de textiles collectés par an, 15 800 conteneurs, 28 relais locaux, 600 véhicules, 100 000 mètres carrés d'entrepôt, 3 implantations en Afrique et un chiffre d'affaires en 2011 de 95 millions d'euros. Le relais c'est d'abord cette image entrée définitivement dans le décor des quartiers urbains.
Pourtant derrière cet outil de récupération, se cache une organisation exceptionnelle. Pierre Duponchel, président et fondateur du réseau, privilégie dès l'origine une population jeune sans emploi. D'emblée la collecte des textiles permet de créer la première année 50 emplois. Trois ans plus tard, la dépréciation du dollar entraîne le prix du textile vers le bas. Le relais ouvre alors des boutiques de revente, développe le recyclage et exporte en Afrique. En 1992, un reportage télé d'envoyé spécial ravive l'intérêt pour cette drôle d'entreprise d'insertion. Les candidatures à des relais régionaux pleuvent. Le réseau national s'étoffe, il repense plus largement sa politique d'insertion et crée à la fois une entreprise d'insertion temporaire, Interinser, et un bureau d'études dédié au logement social ou solidaire, Les toits de l'espoir. (2000 logements réhabilités à ce jour). En 2007 Métisse, gamme d'isolants thermiques pour le bâtiment en fibre de coton fait son apparition et en 2012 est inaugurée la première usine Métisse. En moyenne depuis 1984, le relais crée un emploi par semaine...