Les italiens sont-ils plus cons que nous?
A comparer ll Cavaliere et notre président, nous devons admettre notre chance, même si les bilans économiques sous le haut contrôle de l'un comme de l'autre laissent à désirer. Il faut donc garder raison sur notre sort et se demander comment le pitoyable premier ministre italien peut poursuivre une politique qui pousse le pays à la catastrophe doublée d'un ridicule mondialisé. Ce n'est qu'aujourd'hui que nous découvrons que Silvio Berlusconi sombre dans des sondages qui lui accordent tout de même encore 40% de faveurs. Nicolas the first est bien moins plébiscité. Il faudrait, pour comprendre la situation, retracer toute l'histoire du XXème siècle italien. Comment le fascisme mussolinien a pu s'asseoir sur le territoire et répandre son souffre longtemps après la disparition du Duce? Pardonnez-moi si vous vous attendez à une assimilation Mussolini-Berlusconi, mais la seule similtude s'arrêtera certainement au physique. Culte ancestral presque tragique du corps, Mussolini, l'athlète, était chéri par bon nombre de ses contemporaines malgré ses allégeances nazies. Momifié par une chirurgie esthétique quasi permanente, Berlusconi amplifie le phénomène physique au point d'être immortalisé dans un rictus déshumanisé digne des musées de cire. Majesté Berlusconi en cire. La comedia dell arte ne suffira pas à expliquer l'attractivité latine excercée par un pouvoir pantomime où les frasques se mêlent aux injures et aux calomnies. Souvenez-vous du "Cavaliere" face à un député européen allemand qu'il qualifia de Kapo. Qui a oublié que le même cuistre s'est adressé aux 17 000 sans-abris et sinistrés dutremblement de terre des Abruzzes en juillet 2008 en les écrasant de cette intervention :"il faut prendre ça comme un week-end en camping". Plus récemment Barack Obama était bien trop bronzé aux yeux de l'ami du musée Grévin. En dernière date, le ciré de la sauterie organisée lâchait qu'il "vaut mieux avoir la passion des belles femmes qu'être gay"'. Bref, parvenue à cette étape du dérapage, l'Italie porte ses démons et ses clichés: machisme, racisme, grotesque et surtout violence. Violence des mots après la violence des gestes. L'histoire revient au grand galop: le fascisme n'est donc pas mort avec Mussolini dont le cadavre pendu en place de Milan permit en 1945 une "catharsis" populaire, comme l'écrit très bien Pierre Milza. Le défoulement ne fut que provisoire et les blessures ont infesté le corps (encore un) social italien tout entier. Le procès du fascisme n'a jamais eu vraiment lieu. Les violences, de ce qui tournera à la guerre civile dès les premières années 60, traduisent la violence contre la violence. Celle des mots qui scandent les interventions du Cavaliere sont d'une certaine manière l'héritage de cette histoire. Il n'empêche que le bilan économique italien est déplorable:le PIB italien a reculé de 5% en 2009, alors que le déficit budgétaire a doublé entre 2008 et 2009. La dette publique s'envole et le taux de chômage prend de l'altitude, celui des jeunes atteignant des sommets à 26,8% en janvier 2010. Alors les italiens sont-ils plus cons que nous? Là encore il faut réviser le fonctionnement des partis italiens, bien plus compliqué à la sortie de la guerre où résistants et communistes se détachaient d'une droite conservatrice néo-fasciste. La coalition gouvernementale de centre-droit que Berlusconi a baptisé "Peuple de la liberté" ( peuple étant de trop évidemment) est l'exacte application du "diviser pour régner". Appuyée à la Ligue du Nord, dirigée par un autre clown politique, la coalition épouse une idéologie antinationaliste et typiquement euro-régionaliste. Elle est ce que le Front National en France pourrait faire de mieux ou de pire. Un autre partenaire de la coalition est le Mouvement des Autonomies qui fait les beaux jours du Mezzogiorno, version euro-régionale démocrate chrétienne. C'est en conjuguant le tout que Berlusconi a dragué large. C'est un point qui pourrait rapprocher les protagonistes de nos deux Etats, à la seule et grande différence que l'un, en France, se croit grand, alors que l'autre se croit brillant, surtout sous les flashs des paparazzi.