Quand les jeunes décident.........
Un courrier récemment transmis par ma boite à courriels m'a laissé sans voix tellement la bêtise était sidérante. L'auteur du courrier eut toutefois le réflexe de le signer de la formule qui traduit le mieux cette bêtise inhérente à une certaine catégorie du personnel humain: "un bon franchouillard". Première réaction de ma part: chercher à préciser ce que représente le "mauvais" franchouillard. Deuxième réaction: cliquer sur poubelle. J'oubliais: le fond de la lettre était une invective à faire taire ces associatifs quémandeurs de subventions et ces spécialistes de l'insertion qui tentent de remettre sur les rails des jeunes boutonneux qui pratiquent le piercing plutôt que de chercher du travail. C'est con l'humanité parfois. Le plus insultant est la persuasion construite sur l'ignorance. Dans une version "soft" (pour parler jeune), cela fabrique de l'opinion. Dans la version "hard" de la connerie pur jus.
Donc aux non franchouillards que vous êtes (dans le cas contraire je vous invite à passer votre chemin), voici Vincent. Vincent Bleuzet. Vincent n'est pas seul dans l'histoire qui suit. Il y en a cinq autres. Des jeunes avec ou sans acné, je n'ai pas vérifié. Même chose pour le piercing. En 1995, cette petite équipe de jeunes qui réunit des Rmistes (ça va ravir le franchouillard), des chômeurs et des étudiants en fin de formation décide de créer Alter-conso. D'abord enregistré sous statut associatif, Alter-conso devient SCIC (Société Coopérative d'Intérêt Collectif- à laquelle le franchouillard ne participera jamais et je m'en réjouis). Les 6 jeunes distribuent des paniers de produits locaux et rêvent de créer une grande Amap en banlieue lyonnaise. 7 ans plus tard, ils sont 8 salariés et ils approvisionnent 750 adhérents dans 15 lieux de distribution. La sollicitation est en croissance permanente, mais nos jeunes coopératifs refusent l'expansion au profit de la valeur humaine et de la transparence de leurs produits. Ils choisissent d'entrer dans un collectif de producteurs et de prestataires de services de proximité baptisé "collectif Raccourci". Le circuit-court est le mot d'ordre de l'ensemble. A l'heure actuelle, Vincent et les autres (on dirait du Claude Sautet) réfléchissent à la création d'un Pôle d'initiative pour la relocalisation alimentaire et territoriale qui réunira aux portes de Lyon, des jardins partagés, les producteurs bio,des maraîchers respectueux de l'environnement et même un laboratoire de transformation.