Un rêve de transmission: l'outil en main
Transmission. Un maître mot. Tentez l'exercice vous-mêmes en l'associant aux grandes questions de société, celle des retraites en premier lieu. Donner à apprendre ce que l'on a mis une vie à construire. "L'outil en main" est né à Troyes dans l'Aube en 1987 au sein d'un groupe de passionnés du patrimoine. Marie Pascale Ragueneau participe à cette époque à la sauvegarde du vieux Troyes et se rend compte que les jeunes sont les plus intéressés par les visites guidées et la découverte du patrimoine "et les jeunes davantage encore que les adolescents". Elle se confie à un Compagnon du Devoir et une première expérience d'ateliers est lancée. Aux Aspirants Compagnons se joignent rapidement des artisans retraités. Devant le succès de ces rendez-vous, d'autres ateliers ouvrent à Lille et encore à Troyes en 1994 et 1995. Viendront ensuite Chartres, Provins et Saint-Etienne. Devant l'expansion du principe, une union des associations "l'outil en main" est créée en respectant les trois fondements des ateliers: de vrais gens du métier, de vrais outils et de vrais ateliers. La multiplication des expériences a permis à 63 associations (2008) de voir le jour et de proposer à des enfants âgés de 9 à 14 ans une palette très complète des métiers manuels artisanaux. La mariage intergénérationnel est totalement réussi avec des enfants qui, pour certains placés en échec scolaire, retrouvent le sens des apprentissages, tandis que les retraités conservent un pied dans la vraie vie en transmettant aux jeunes les gestes de leur métier. Les formations ont lieu le mercredi après-midi ou le samedi en période scolaire et il est remis aux jeunes en fin de session annuelle un "certificat d'initiation aux matiers manuels et du patrimoine".
Ce réseau, qui a tout compris du partage et de la transmission, donne à entendre autrement les enjeux d'une réforme des retraites dans laquelle les jeunes et les vieux sont parfois placés dos à dos ou projetés sur un même terrain de concurrence. Pourtant que faut-il ajouter à la réalité de deux générations dont l'une brille par sa vitalité et son inexpérience et l'autre par un savoir fatigué par des années d'ouvrage et abandonné.? Dans une société où les intérêts personnels priment encore souvent sur les enjeux collectifs du vivre ensemble, 'L'outil en main" est la preuve que les jeunes et les séniors ne sont pas des objets de négociation d'un financement des retraites. D'autre part, souvent éloignés des réalités matérielles de la vie, les enfants mettent la main à la pâte. Le jeu virtuel est débranché et il s'efface devant le plaisir du geste et du faire. Enfin, les travaux manuels longtemps boudés par un public de futurs diplômés font un retour retentissant dans l'organisation du travail. Ils correspondent à un besoin (la demande s'est accrue de nos jours) et ils se révèlent être toalement épanouissants auprès de jeunes qui avaient fait leur deuil d'une scolarité traditionnelle. A méditer.
http://www.loutilenmain.asso.fr