Une 2cv pour aller vers soi....
Saint-Brieuc, Côtes d’Armor. Jacques Deriez, aujourd’hui directeur de l’association Cap Aventures, tente une expérience inédite en 1988 avec des jeunes de 19-20 ans tous connus de la Mission Locale et en partie du juge pour enfants, à savoir rénover et convoyer des ambulances vers des dispensaires nigériens. Le département accepte d’en être le partenaire. Jacques, de son côté, connaît bien le désert pour l’avoir sillonné à plusieurs reprises lorsqu’il était plus jeune et ces espaces sont souvent de superbes terrains de révélation de soi. L’expérience sera hautement concluante puisque après un an de préparation, et un voyage pas comme les autres, une grande majorité des 20 jeunes engagés trouveront au retour un emploi ou entameront une formation professionnelle. D’autres projets du même type se réaliseront par la suite.
En 1991 Jacques crée Cap Aventures et reçoit l’habilitation du Conseil Général et du Ministère de la Justice en 1993. En parallèle cet aventurier généreux reprend le chemin de l’université pour rédiger un mémoire inspiré de ses expériences puisqu’il porte sur « l’aventure comme formation et la formation comme aventure » et obtient un diplôme de hautes études en pratiques sociales. Après vingt ans de travail de terrain, trois autres personnes épaulent Jacques Deriez dans ses missions et le département comme les acteurs de la justice, qu’ils soient juges ou procureurs, soutiennent pleinement les opérations mises en route. Chaque projet dure 16 mois, voyage compris, et les entreprises locales répondent à chaque édition aux appels lancés par l’association. Une 2CV pour un boulot, dernière réalisation, consistait en 2007 à engager des 20-25 ans inscrits à la Mission Locale à se rendre en Tunisie du Sud en 2CV afin d’acheminer du matériel pour personnes handicapées. La préparation des jeunes les implique dans toutes les phases logistiques de l’aventure, du soutien relationnel au bouclage financier de l’opération. « Notre but a toujours été de proposer à des jeunes sans emploi de s’investir par l’aventure, car on s’est rendu compte que l’aventure développe des capacités nécessaires à une bonne insertion professionnelle. Certes ils sont plus nombreux aujourd’hui à vouloir entrer sur le marché du travail, mais je suis surtout frappé par une attitude très commune de nos jours à l’égard des jeunes. En effet lorsqu’un enfant de 6 ou 7 ans est victime de maltraitance, il est plaint par tous, en revanche lorsque le problème se manifeste chez un adolescent, l’attitude change totalement et la société cherche à le punir. Dans notre association il doit faire lui-même des choix et quand cette attitude est définitivement acquise, la partie est gagnée ».
Photo: Le Télégramme.