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06 Mar

Etats des lieux 2011

Publié par Philippe BERTRAND  - Catégories :  #économie

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Le hors série du quatrième trimestre 2010 des Alternatives économiques propose un aperçu global de la situation sociale et économique de notre pays à l'aune des partenaires européens. La question que soulèvent Sandra Moatti et Antoine de Ravignan dans l'éditorial de ce numéro spécial donne d'emblée le ton des interrogations qui vont ponctuer chaque dossier. Sous le titre de "Schizophrénie?", les journalistes rappelent les enjeux contradictoires de cette période de crise: D'une part il serait nécessaire d'accroître la productivité afin d'améliorer nos revenus et surtout de garantir un emploi à ceux qui en sont dépourvus (plus de 4 millions de personnes), d'autre part il est impératif  de modifier nos modes de production et de consommation. Bref, nous sommes dans la contradiction du développement économique et des obligations environnementales. En somme la conversion écologique de l'économie n'est plus à l'ordre du jour et l'abandon de la taxe carbone comme la réduction de la fiscalité écologique en sont les preuves accablantes.  Constat de nos deux observateurs: " Que la croissance augmente ou baisse, c'est toujours l'environnement qui trinque". Les comportements qui devaient ressortir en application de ces impératifs environnementaux, sont tout aussi bloqués et reprennent le cours des injustices qui étaient auparavant les leurs, les plus riches continuant à surconsommer et les plus pauvres à être la cible des augmentations du prix de nombreux biens. L'échec est cuisant. Les solutions passeraient par un engagement des gouvernements plus soutenu dans les économies d'énergie et surtout par des investissements considérables auxquels nous participons déjà en payant plus cher l'énergie que nous consommons. C'est bien là le comble d'un développement durable non assumé pour l'instant et que seuls les consommateurs de base que nous sommes tous supportons par l'augmentation des factures de gaz et d'électricité. Bien dommage que les éditorialistes ne soulignent pas cette énormité au nom du bon prétexte de départ que représentent les énergies renouvelables. Edf achetait au prix fort l'énergie éolienne et le photo-voltaïque pour un coût compensé par l'augmentation de nos factures.

Il n'en demeure pas moins que le grand fautif des déséquilibres actuels particulièrement sensibles au coeur de l'union européenne serait la crise, encore elle. (Finalement l'économie, qui jargonne trop aux yeux du quidam, peut se comprendre à l'aide de ses deux outils fétiches, le PIB et la crise). Illustration: Avant ce raz de marée funeste, les Etats de la zone euro acquittaient les mêmes taux d'intérêt. Or dès les premiers frémissements du malaise économique, les nouveaux entrants ont eu des difficultés à supporter leur dette extérieure.  (C'est oublié de dire que les jeunes candidats à l'euro arrivaient dans un état de grande fragilité). Deux ans plus tard, les stratégies diverses des Etats ont creusé le déficit. Soit l'endettement des ménages comme c'est le cas en Espagne en misant sur la consommation, soit la compétitivité aux dépens des salaires et de la demande intérieure, à l'image de l'Allemagne. Le premier est perdant alors que le second s'en sort bien mieux. Il en découle une Europe découpée avec des acteurs portés par des soucis et besoins différents, certains membres ayant pour urgence d'éteindre l'incendie de leurs finances. Philippe Frémeaux retient de cette partition inégale "une fédération d'Etats-nations jaloux de leur souveraineté" qui ont préféré assumer leurs dépenses publiques plutôt que de renforcer le budget européen. Un peu avec les autres, mais beaucoup pour soi.  Ce sont les Etats membres les plus riches qui ont le plus contribué à ce budget européen en recevant des contre-parties minimes, à la seule différence que l'Allemagne a indirectement profité de l'union pour asseoir ses exportations. Allemagne-Europe=2-0.

Et la France dans tout ça? Elle n'est pas la moins bien logée parmi les 27 au regard de la situation de la Bulgarie, de la Roumanie, de la Hongrie ou de la Lettonie et elle affiche un revenu médian  supérieur à la moyenne derrière la Suède, la Finlande, l'Allemagne et l'Autriche. En revanche son industrie fléchit  alors que le tertiaire et les services entre autres progressent toujours avec à la clé une explosion des embauches en intérim, temps partiel et CDD. Le grand rêve solidaire a du plomb dans l'aile et les inégalités se creusent. La crise, encore une fois, sauf qu'elle n'a pas atteint les plus aisés contrairement à ce qui pouvait advenir. les victimes demeurent les mêmes, les petits rejoints en partie par la nébuleuse des classes moyennes dont une forte proportion dissimule de la pauvreté latente. La morale de l'histoire est que nous ne parlons plus d'une sortie de crise, mais d'une situation durable, fausse amie du développement du même nom.

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Le complément de l'émission des Carnets de Campagne de France Inter avec son journal régulier des solutions.