Sale temps pour les glaciers, sale temps pour la montagne
Je ne connais pas plus réussie comme revue que le magazine trimestriel L’Alpe. Créé en 1998 avec le musée Dauphinois à Grenoble, source inépuisable d’une incroyable iconographie et édité par Glénat, le magazine dirigé par Pascal Kober ouvre dans son dernier numéro paru un dossier titré « sale temps pour les glaciers ». Comme toujours le magazine qui couvre toute l’histoire et toute l’actualité de l’arc alpin, s’inquiète à l’aide d’images et d’études scientifiques de l’avenir de la montagne. A moins de 1500 mètres, les précipitations toujours aussi nombreuses l’hiver sont passées de la neige à la pluie sous le coup d’une hausse de 2° entre 1930 et 2010. A moyenne altitude, la montagne perd 25 jours d’enneigement par an. A plus haute altitude, les glaciers du massif du Mont-Blanc comme d’autres sites d’englacement suisses, autrichiens ou italiens ont vu leur front reculer d'un kilomètre à deux kilomètres et demi. Plus alarmant encore, les pertes enregistrées ont doublé au cours de la dernière décennie sur la précédente. L’ensemble des pratiques sportives et les loisirs à la montagne est à revoir de fond en comble, puisque les neiges de culture vont être rendues impossibles au-dessous de la barre des 1500 mètres d’altitude. Pascal Kober, dans son éditorial, lance un pavé dans la neige fondue en précisant que ce n’est pas le sort de la planète qui est en jeu (« elle se débrouillera très bien sans nous »), mais plutôt la survie de l’humain. A voir dans ce numéro, le superbe travail de la photographe Laurence Piaget-Dubuis pour ses portraits de montagnes couvertes de gigantesques bâches censées ralentir la fonte des glaces, comme des linceuls étendus sur une montagne défunte. http://www.lalpe.com/