Mieux vivre: ce qui va changer (enfin des bonnes nouvelles)
Pendant très longtemps la France était un très mauvais élève: gros pollueur, grand consommateur d'énergie, dépensier en matière de défense et de santé et faible reproducteur. Bref, avant de faire la morale au voisin, il était indispensable de balayer son pas de porte. Premier étonnement, dix ans plus tard, notre pays affichait en 2007 le plus fort taux de fertilité de toute la zone euro avec 2 enfants par femme, la deuxième meilleure espérance de vie après l'Italie soit 81 ans (81,3 pour l'Italie), le deuxième taux d'émission le plus bas de Co2 derrière le Portugal et enfin une consommation d'électricité dans la basse moyenne des pays de cette zone. Les seuls points noirs demeurent nos dépense de santé, deuxième plus gros budget de la zone euro après l'Autriche et nos dépenses publiques en matière d'éducation en pourcentage du PIB, soit un investissement des plus bas comparé à celui des autres partenaires européens. L'éducation a un pris et 12% des jeunes sortent du système éducatif en troisième voire avant et donc sans aucune qualification. Le taux de fertilité a pu rassurer les défenseurs d'une politique plus serrée sur l'entrée des étrangers sur notre territoire. Malheureusement pour eux, le beau score de fécondité ne suffira pas à assurer le renouvellement des générations à l'aune des vingt prochaines années. Seule la crise a apporté une raison provisoire à la gestion de l'immigration.
Alors ce qui va changer se calcule sur ce qui a déjà changé. Laurent Davesies, économiste, s'est employé dans un livre exemplaire ( "La République et ses territoires", éd. du Seuil. 2008) à démonter quelques idées préconçues sur l'état général de la France. En premier lieu le calcul de la santé d'une région sur son PIB est une aberration. L'Ile de France demeure leader par son PIB, mais pas par sa qualité de vie. L'accroissement du chômage et de la précarité d'une partie de la population traduit le hiatus entre un chiffre de production et la richesse de la région. Le grand changement est là, écrit Davesies, car nous travaillons de plus en plus à un endroit et vivons dans un autre. A l'échelle des régions, cela signifie que certaines s'enrichissent de la consommation de leurs habitants à défaut d'une production effective sur le même terrain. Cela signifie encore que le fossé traditionnel émis entre Paris et la province n'est plus de mise. Les dépenses publiques suivent le même chemin et les nouvelles populations qui investissent 'la campagne' sont autant de nouveaux acteurs économiques que des consommateurs indispensables.
Le néo-rural tel qu'il est désormais appelé, est le premier moteur de survie puis de développement de ces campagnes si longtemps montrées du doigt. A cette cohorte de nouveaux ruraux s'ajoutent les retraités, les étrangers qui ont pris l'option de la vie française et une frange de la jeunesse qui a bien compris que l'espoir de s'épanouir en milieu urbain était remis en cause. Les causes de ces modifications sont faciles à énoncer: qualité de la vie, coût de l'immobilier, politiques locales de développement, solidarité et relations sociales plus directes.
Au-delà de la consommation, il est judicieux de s'interroger malgré tout sur le type de production nouvelle associable aux régions les moins prospères. Le premier secteur de développement économique qui est à l'origine d'une création très conséquente de micro-entreprises est celui des services à la personne. La moyenne d'âge élevée sur bon nombre de zones rurales et péri-urbaines exige un déploiement de ces services. Le second atout tient au cadre naturel et au patrimoine des régions. Le tourisme est une des principales ressources de l'économie en France au point que français et étrangers ont dépensé près de 90 milliards d'euros en 2005 pour partir à la découverte des territoires. "Avec une balance commerciale touristique de l'ordre de 15 milliards d'euros, ce secteur atteint le même ordre de grandeur que la somme des balances commerciales de nos industries automobile et aéronautique"(L.Davesies).